Je ne me sens pas différente des mangemorts car nous ne partageons pas les mêmes convictions. Lorsque je suis avec eux je ne les juge pas, je me contente de les observer. Et tout ce que je vois ce sont des personnes qui souhaitent défendre leurs croyances. C'est plutôt impressionnant je trouve. Je me sens différente des mangemorts car ils peuvent rentrer chez eux, marcher dans la rue sans regarder derrière leur épaule, acheter des cadeaux, travailler au ministère de la magie, dormir, retourner à poudlard, avoir une famille, un avenir. Quand ils quittent la taverne je ne peux m'empêcher de me retrouver face à cette réalité. Je sais qu'un jour ils seront exposés comme moi, mais pour l'instant ils ne risquent rien. Parfois j'aimerais leur faire entendre raison pour qu'ils prennent conscience de la chance qu'ils ont d'avoir cette vie, mais je deviendrais un paria ... je veux dire bien plus que je ne le suis déjà.

Combien de temps ce jeu va-t-il durer ? Combien de temps vais-je les regarder partir en espérant qu'ils ne reviennent jamais ? Je suis certaine qu'ils n'ont pas tous envie de participer à cette guerre, je pense que la plupart d'entre eux sont blessés. Ils n'ont pas réussi à guérir ou ils n'ont pas voulu peu importe, ils ont choisi le même chemin. Un chemin sans retour. Ils méritent tellement mieux que la noirceur, la douleur et la mort. S'ils pouvaient au moins s'en rendre compte, si seulement ils pouvaient ...

Nous vivons dans un monde partagé entre le bien et le mal, nous sommes en permanence confrontés à ces nuances jusqu'à ce qu'il arrive le moment de choisir. Je crois que nous y sommes forcés, c'est inévitable. Ai-je déjà fait mon choix ? Je l'ignore.

Vivre 4 ans avec dalvius c'est comme avoir eu 4 vies. Je n'ai jamais autant été bousculé jusqu'à ce que je rejoigne les mangemorts. Et c'est tellement intense que je ne sais comment décrire cette expérience. J'apprends à faire mes premiers pas en communauté, j'aimerais déjà courir mais je ne sais pas encore marcher. J'ai l'impression d'être entrée dans un univers parallèle et il me plaît bien plus que je ne l'aurais imaginé. Les gens ont confiance en moi alors qu'ils ne me connaissent même pas, c'est extraordinaire. Je sais que c'est temporaire mais quand je suis avec eux j'ai tendance à l'oublier. J’ai tendance à croire que c’est réel. L'occlumancie me rappelle la vraie réalité, la mienne. J'aimerais ne pas m'en servir et être honnête avec ces gens mais c'est un luxe que je ne peux me permettre.

Je ne me considère pas comme un traitre, je ne cherche pas à nuire aux mangemorts ni à les vendre à l'ordre du phénix. Je veux seulement honorer la mémoire de mon ami et trouver ce qu'il a passé tellement de temps à chercher. Car c'est la seule façon de le remercier de m'avoir sauvé la vie. Car je ne mérite pas de vivre si je l'abandonne. J'apprends à mes dépends qu'on ne peut pas être juste avec tout le monde, il faut faire des sacrifices. J'ai l'impression d'entendre parler dalvius et le pire c'est que je détestais ses leçons de morale. Je les déteste encore plus aujourd'hui.

Je ne pensais pas vivre un jour à londres mais j'aime cette ville. J'aime la pluie, elle efface toutes les traces comme si rien ne s'était jamais passé, c'est certainement la plus belle magie qui existe sur terre. Je ne me lasse pas de sortir dehors juste pour la sentir s'écraser sur ma peau. Le frisson qu'elle provoque parcourt tout mon corps, il caresse chaque parcelle de mon être et fait ployer mon échine. Il n'y a aucun sortilège qui permet d'obtenir cette sensation. C'est pour ça que je reste rarement à l'auberge, de toute façon je n'arrive pas à dormir alors je préfère profiter autrement de mes nuits.

Je ne sais pas pourquoi j'ai choisi de me rendre ici, j'ai dû m'égarer dans mes pensées à moins que ce ne soient elles qui m'aient guidée ? Je ne suis jamais revenue devant cette cabine téléphonique avant ce soir. Pourquoi l'aurais-je fait ? Je n'avais aucune raison de le vouloir et je n'en avais pas l'audace. Mais en cet instant il n'est pas question d'audace. J'ai besoin d'espoir, moi aussi je veux croire en quelque chose ou en quelqu'un: en lui. Il a cru en moi au point de me faire évader. Je me souviens qu’il me tenait la main pendant que nous courions pour fuir, il n’y avait aucune sortie et je me suis dit: soit il est très intelligent, soit il complètement fou. Peut-être même les deux. Je ne l'ai jamais su ...