unfinished sympathy

James dormait beaucoup en journée parce qu’il travaillait de plus en plus de nuit. Il faisait en partie ça car sa cousine, Molly, lui donnait l’impression de le surveiller comme un enfant au boulot et ça le dérangeait beaucoup. James avait apprécié que sa cousine soit son mentor au ministère mais il appréciait moins qu’elle continue à prendre ce travail tant à cœur… Bref. Après avoir mangé en rentrant du boulot ce matin là James avait bien eu du mal à résister à l’appel de son lit et s’était endormit assez rapidement, la baguette posée sur sa table de nuit. Il commençait tout juste à se faire aux conseils de son père, à comprendre à quel point il avait raison et à quel point il était vital d’avoir sa baguette à portée de main et pas sur la table du salon ou allez savoir où… Cette nuit, ou plutôt cette journée là, James n’eut aucuns souvenirs de rêves. Il avait rêvé, tout le monde rêve la nuit, toutes les nuits, mais on ne s’en souvient pas, tout simplement. Son sommeil fut profond et réparateur, mais si profond… Qu’il dura des heures et des heures.

Il se sentit émergé du sommeil, comme si son corps pesait encore une tonne sous ses draps et ne bougea pas pendant quelques secondes. Il laissa son souffle reprendre un rythme d’éveil et finit enfin par se tourner sur le dos. Là, seulement, il ouvrit les yeux et tâte sur la table de nuit pour attraper sa baguette. La flemme l’emportant toujours James ne prit pas la peine de sortir du lit pour ouvrir ses rideaux d’un coup de baguette. Londres était déjà éclairé par les lumières artificielles. La nuit tombait tôt, à Londres. Il n’était surement pas encore cinq heures de l’après-midi et pourtant le soleil déclinait rapidement dans le ciel. James soupira, il passa une main sur son visage et se leva enfin. Il avait quelques heures avant de devoir prendre son poste au ministère, aux alentours de dix heures du soir. Le sorcier sortit de son lit et s’étira avant d’aller prendre une douche. Ses journées ne se ressemblait en général pas, il faisait pas mal de choses, il allait voir sa mère… Qui lui demandait toujours pourquoi il s’arrangeait pour ne jamais croiser Harry. Ce à quoi James répondait qu’il ne le faisait pas exprès. Ce qui était faux, d’ailleurs. James n’avait jamais été très proche de son père, c’était toujours Albus parce qu’il lui ressemblait plus. C’était pratiquement écrit sur son visage, qu’il était un Potter, alors que Lily et James avaient pris de la fibre Weasley quoi que James eut échappé de justesse à la rousseur, hm… Il avait les yeux noisettes et non verts et il était bien plus grand que son frère et que son père. Voilà, il avait eu de la chance, en quelque sorte… Il pouvait passer inaperçu. James ne se faisait en général que très rarement emmerder par la Confrérie, mais il aurait préféré avoir en face de lui les sorciers responsables des malheurs de Albus et des blessures de Lily, il aurait préféré que ce soit lui. Il était de plus intimement convaincu qu’il savait de toute manière mieux se défendre et peut être qu’il y avait une relation de cause à effet entre le fait qu’il soit moins attaqué et ses capacités en DFCM qui avaient toujours été excellentes. Aujourd’hui James n’était pas aller voir ses parents, il lisait un livre sur les prophéties en mangeant son repas quand on toqua à sa porte. La voix de Lily, étouffée par le panneau en bois, parvint jusqu’à ses oreilles. James fit glisser sa chaises sur le sol, il ferma le livre sans retenir la page et attrapa sa baguette. Sa porte était fermée par un sortilège, c’était plus utile que des clés selon lui. Au son de la voix de Lily il sentit que quelque chose n’allait pas et il se dépêcha d’ouvrir. Elle lui tomba dans les bras. James avait juste eu le temps de passer ses bras autour de sa taille avant qu’elle ne touche le sol. Il jura entre ses dents et souleva sa sœur du sol, délicatement, pour l’emmener à l’intérieur. D’un coup de pied il referma la porte et alla poser Lily dans son lit, dans sa chambre. Il retourna ensuite à la porte qu’il scella à nouveau, il prit tout ce qu’il avait besoin dans la salle de bain pour soigner les blessures de sa sœur et revint dans la chambre où la rousse n’avait pas bougé. James pouvait rapidement perdre son calme, mais quand il s’agissait d’une telle situation il savait garder la tête froide. Le sorcier, qui essayait de ne penser à rien d’autre qu’à ce qu’il faisait, nettoya consciencieusement les plaies de sa sœur et referma celle qu’il savait refermer par magie.

James resta auprès de Lily une heure, il ne quittait pas son visage fin des yeux et n’avait prévenu personne, pas leurs parents ni Albus. Il savait que Lily ne voulait pas qu’ils sachent, parce que leurs parents deviendraient parano – ce que James pouvait comprendre – et qu’Albus avait bien assez avec ses propres problèmes. Ce que James ne pouvait nier. Il vivait, actuellement, pour son frère et sa sœur. Il essayait de les aider l’un et l’autre et s’oubliait parfois lui-même, il relayait ses propres soucis au second plan et parfois il ne se rendait pas compte qu’en agissant ainsi il finirait par lui-même peter un plomb. James glissa ses doigts sur le front de Lily, lui écartant quelques mèches et c’est à ce moment-là qu’elle ouvrit les yeux. « Ne bouge pas. » Lui intima James. « C’est à Ste Mangouste que tu devrais aller, Lily. » Il savait bien qu’elle ne voulait pas aller là, elle était trop fière pour se montrer aussi faible devant ceux qui allaient devenir ses collègues. Ridicule. Un gène récurrent chez les Potter, surement.

Quand son frère était né, James n’avait pas tellement comprit ce que impliquait le fait d’être grand frère. Ses parents l’avaient plus ou moins préparés à ça mais ni l’un ni l’autre ne l’avait été un jour, l’ainé, et puis ce n’était pas à deux ans qu’il aurait comprit ce qu’il se passait. Il ne se souvenait même plus de cette période, d’aussi loin qu’il se rappelait il y avait Albus dans sa vie et puis, très très vite après, il y avait eu Lily. James était plus âgé quand elle est née, il commençait un peu à comprendre et c’est à ce moment-là qu’il a développé une sorte d’instinct protecteur. Qui s’est naturellement étendu sur son petit frère au passage. James voulait toujours s’occuper de Lily quand il était gamin, c’était Ginny qui l’avait raconté – et répété de nombreux soirs – bien que ni l’un ni l’autre ne s’en souvienne vraiment. Ils n’avaient jamais vraiment joué ensemble, leur différence de quatre ans était plutôt handicapante à ce niveau-là mais ils avaient fait d’autres choses. James lui racontait pas mal de choses, beaucoup de conneries aussi mais ça la faisait sourire alors… Il lui avait aussi tout raconté sur Poudlard bien qu’elle avait déjà tout entendu de leurs parents et oncles et tantes etc… Ils avaient une relation privilégiée. Ils n’étaient pas particulièrement plus proches que Lily et Albus pouvaient l’être mais c’était différent, ils étaient liés tous les trois et James aurait tout fait pour l’un comme pour l’autre.
Aussi voir sa petite sœur s’écrouler sur le pas de sa porte l’avait fortement contrarié. Si c’était de fatigue, ça serait mieux passé (bien que Lily, comme James, supportait bien le genre de fatigue qu’un boulot intense pouvait apporter, elle le prouvait en réussissant bien sa formation) mais les blessures qui recouvrait le corps de la rousse indiquait qu’une chose bien plus dramatique c’était produite. Le jeune homme avait alors amené sa sœur dans sa chambre et l’avait allongée sur son lit. Il avait décidé de rester jusqu’à ce qu’elle se lève et n’avait prévenu personne. Il ne voulait pas, de toute manière. Il ne servait sans doute à rien d’inquiéter Ginny tout de suite et James avait de plus en plus de mal à parler avec son père à propos de tout ça, de la guerre, de la Confrérie, de cette vengeance méritée – parce qu’aux yeux de James il était normal que certains sorciers réclament vengeance (pour les autres, par contre…) -. La jeune rousse finit enfin par ouvrir les yeux, elle semblait encore plutôt faible ce qui n’était pas pour rassurer son frère qui s’inquiétait habituellement pour pas grand-chose. Après l’invective qu’il lui donna elle soupira mais obéit en ne bougeant pas, en tant que future médicomage elle savait mieux que lui qu’il ne fallait pas délasser un blessé. « Je n’y ai pas pensé, je n’ai pas eu le temps de réfléchir et tu sais très bien que je n’y aurais pas été. Lily Potter à Sainte Mangouste, ça serait arrivé aux oreilles de papa et il aurait commencé à poser des questions et je suis une très mauvaise menteuse. » Ce fut au tour du sorcier de soupirer, il cala son dos dans le dossier de la chaise de bureau qu’il avait glissé jusqu’à son lit pour veiller près de sa sœur. « Je suis désolée James. » ajouta la jeune femme, ce qui eu le don de remuer quelque chose en James. Un peu de colère, peut être, mais pas dirigée uniquement contre sa sœur et son insouciance légendaire. « Merci. » fit-elle finalement avant de déposer un baiser sur la joue du jeune homme. Il ne réagit pas, pas vraiment, il avait le regard posé sur elle et se demandait si on la laisserait un jour tranquille. Il avait constamment peur pour elle, pour les gens qu’il aimait, c’en était maladif et cette peur accentuait sa colère et ce n’était jamais bon. « Il faut que quelqu’un te soigne. » trancha James au bout d’un long moment. « Et tu ne te soigneras pas toi-même. » Ajouta-t-il, se doutant déjà de ce qu’elle pourrait bien répliquer là-dessus. « Et je veux que tu me racontes tout. » Ah ça, elle devait s’en douter qu’elle n’allait pas y réchapper.