Une pointe cruelle et lancinante transperçait ta tête de toute part tandis que ton sang battait contre tes tempes. Le goût amer de l'alcool était encore dans ta bouche et se faisait ressentir dans tout ton corps endolori. Allongée, tu repoussais le moment de te lever et de faire face à la réalité à chaque fois que tu reprenais conscience. Un luxe que tu ne pourrais pas te payer bien longtemps puisqu'il fallait bien un jour ou l'autre que tu ouvres les yeux. Lasse et maussade à cause de la fatigue et d'un mal de tête continuel, tu n'arrivais même plus à visualiser la soirée de la veille. Une chose pas vraiment grave d'après toi. Tu étais convaincue d'être rentrée chez toi puisque tu reconnaissais l'odeur de tes draps et les meubles quand tu avais le courage d’entrouvrir les yeux. Un fait rassurant puisqu'une minute auparavant, tu avais cru sentir la présence de quelqu'un d'autre ainsi que son odeur. Une hallucination qui était sûrement due à ton abus d'alcool. Un abus que tu aurais sans doute du éviter. Trouvant enfin la détermination de faire quelque chose de ta matinée, tu ouvris complètement les yeux et fut surprise de constater que la journée devait être bien avancée, même si la pluie battait contre tes fenêtres sans s'arrêter. Calmement, tu te redressas et constatas avec effroi que quelques draps te recouvraient .. ainsi que le sorcier juste à côté de toi. Manquant de tomber du lit, tu pris quelques minutes pour te rappeler. Chose impossible puisque tu ne te rappelais de rien. Passant une main sur ton visage pour te frotter les yeux, tu te mis en position assise et essayas de détailler le mieux que tu pouvais l'inconnu que tu avais apparemment ramené hier soir. Priant pour que cela ne soit pas Jeremy, tu fus soulagée de constater qu'il était blond. Curieuse et inquiète, tu te penchas davantage et faillis crier quand tu réalisas qu'il s'agissait en fait de Scorpius Malfoy. Un de tes camarades de la Confrérie. N'y comprenant plus rien, tu réussis à te rappeler qu'il y avait en effet une soirée la nuit précédente regroupant les membres de l'organisation. Mais en ce qui concernait la nuit et Scorpius, rien ne venait. D'ordinaire, tu serais partie sans faire de bruit, mais dans cette situation, tu étais chez toi donc tu ne pouvais pas fuir. Décidant d'aller prendre une douche avec l'espoir de te réveiller pour de bon, tu gardas l'un des draps sur toi et te levas en essayant de ne pas faire de bruit. Un échec puisque la seconde d'après, Scorpius ouvrait les yeux et te détaillait du regard en souriant comme un imbécile. Piquant un fard, tu le fusillas du regard. « Pas la peine de sourire comme ça, Malfoy. En plus, je ne sais même pas si il s'est passé quelque chose entre nous. » Tu te sentais ridicule, à moitié nue sous le drap de dire ça, mais tu t'en moquais. Tout ce qui comptait pour toi était de passer à autre chose et d'oublier ce moment gênant. Jamais tu n'aurais pensé un jour qu'une telle chose arriverait, d'autant plus avec Scorpius. Il n'était qu'une connaissance avec qui tu avais parlé quelques fois. En arriver à cette situation était tout de même quelque chose d'assez incroyable. Pensive, tu levas les yeux au ciel en jetant un coup d'oeil à Scorpius. « Tu te souviens de quelque chose ou pas ? Moi c'est le vide. » avouas-tu, gênée.

Le soleil tapait avec une force impressionnante. Au loin, dans un désert de sable, on pouvait voir une silhouette. Elle était fine et allongée mais aussi essoufflée et hésitante. Se rapprochant de celle-ci, un visage se dessine, les traits sont durs et secs, le corps et haletant et en difficulté. La chaleur est telle que c'est presque insoutenable. Le sang boue à l'intérieur des artères, des veines, du corps. C'est même l'explosion, l'explosion en mille morceaux. Scorpius ouvrit les yeux, d'un coup. Il fut aveuglé par la lumière mais se refusait à refermer les yeux. Il venait de se voir exploser dans son rêve et ce n'était pas quelque chose de vraiment agréable. Il n'était donc pas déterminé à revivre l'expérience une nouvelle fois. Il mit quelques minutes avant de se remettre d'aplomb. Comme si son cerveau prenait douze fois plus de temps à se rendre compte des choses qu'à la normal. Lui qui était plutôt matinal, pour le coup, ça avait l'air loupé. Une odeur qu'il n'avait pas l'habitude de sentir vint lui chatouiller les narines. Une odeur féminine, assez douce mais aussi très différente de toutes celles qu'il avait senti auparavant. Regardant les draps d'un air étonné, en effet, il n'avait aucune idée de là où il était finalement. Il sentit suite à ça, le drap s'échapper de son corps. N'allait-il quand même pas se retrouver nu ? Heureusement non, il avait été assez conscient pour enfiler .. ou ne pas retirer son caleçon. Doucement, le jeune blond se retourna et tomba nez à nez avec une jeune femme entourée d'un drap blanc et avec un air assez gêné sur le visage. Pénélope. La seule, l'unique. Il se mit à sourire face à la situation, chose qu'elle n'apprécia guère. « Pas la peine de sourire comme ça, Malfoy. En plus, je ne sais même pas si il s'est passé quelque chose entre nous. » A l'écoute de sa voix, Scorpius sourit de plus belle. Ne lui avait-on jamais dit que les garçons étaient toujours des manches dans ce genre de situation ? Et puis franchement, le jeune blond n'était pas forcément déçu de lui. Qu'importe ce qu'il s'est passé entre eux cette nuit, il était plutôt content de voir qu'il était tombé sur Pénélope plutôt que sur n'importe quelle autre. « Tu te souviens de quelque chose ou pas ? Moi c'est le vide. » La jeune femme avait interrompu Scorps dans ses pensées. Elle se tenait toujours devant lui, son drap sur le corps. Pendant quelques instants, alors qu'il cherchait des souvenirs dans sa mémoire, le jeune blond se sentit plutôt triste de ne pas se souvenir de cette nuit. Mais plus il cherchait, moins il trouvait. « Nop. Aucun souvenir non plus. » Scorpius leva la tête et regarda autour de lui, comme pour essayer de se souvenir de quelque chose. Il suivit le trajet de ses fringues, jusqu'au lit. Il se mit à rire de nouveau. « Je ne sais pas exactement ce qu'on a fait, mais on a enlevé nos fringues en même temps. Regarde, ça s'entremêle. » Il montra du doigts le pantalon et la robe, complètement emmêlé. Un chat n'est pas un chien, il fallait dire ce qui était.

Tu avais toujours vu Scorpius comme quelqu'un ne désirant que la vengeance et le sang, marqué à vie par la mort de son père et la fin de la dernière guerre du monde magique. Tu le comprenais en quelque sorte, mais cela t'avait toujours poussé à l'observer de loin. Si vous aviez parlé plusieurs fois, il n'y avait jamais rien eu de plus. Vous étiez tous deux membres de la Confrérie et cela s'arrêtait là. Il n'y avait jamais eu vraiment d'amitié. C'était plus une sorte de respect et de courtoisie qu'il y avait entre vous. Rien de plus. Et pourtant, vous étiez là, amnésiques concernant la nuit précédente et à moitié nus si ce n'est pour dire complètement dénudés. Une situation à laquelle tu n'avais jamais eu affaire jusqu'à présent. Un moment délicat et gênant dont tu ne savais pas vraiment quoi penser. De plus, tu ne savais pas si il y avait vraiment eu quelque chose avec lui et c'était affreusement embêtant. C'était sans doute ce fait qui t’agaçait le plus en dehors de voir sa mine réjouie. Tu avais bien sûr l'espoir qu'il se souvienne de quelque chose mais il pouvait avoir au même titre que toi abusé de la boisson la nuit précédente. Sa réponse mit un terme final à toute espérance. « Nop. Aucun souvenir non plus. » Génial. Soupirant une bonne fois, tu te laissas tomber sur l'un des coins du lit et passas la main dans tes cheveux lâchés sur tes épaules. Relevant la tête en entendant le rire du jeune homme, tu fronças les sourcils en posant tes yeux sur lui, toujours affalé dans les draps. « Je ne sais pas exactement ce qu'on a fait, mais on a enlevé nos fringues en même temps. Regarde, ça s'entremêle. » Suivant les indications de Scorpius, tu observas avec irritation qu'il avait raison. La robe que tu portais hier soir était à même le sol et mélangée avec les vêtements du sorcier. Décontenancée, tu te mordis la lèvre inférieure et tournas la tête vers Scorpius. Cherchant un indice prouvant qu'il ne s'était rien passé entre vous ou au contraire, une indice qui confirmerait pour de bon la thèse du jeune homme, tu arquas un sourcil quand tu remarquas quelque chose. « Si vraiment il s'était produit quelque chose entre nous, pourquoi portes-tu ton caleçon ? » déclaras-tu en pointant ton doigt vers le seul vêtement que portait Scorpius, à défaut de toi. Frémissant à cette pensée, tu resserras ton emprise sur le drap qui entourait ton corps. Tu n'avais pas honte de toi et encore moins de la nuit que tu venais de passer si cela s'était vraiment produit, mais ce doute t'amenait à vouloir conserver le minimum de fierté que tu avais encore à ce moment. Évitant de croiser le regard de Scorpius, tu préféras faire comme si il ne s'était rien passé. « On va faire comme si il ne s'était rien passé cette nuit. Tu vas partir et me promettre de ne jamais en parler à qui que ce soit.  » soufflas-tu, bien décidée à effacer cette triste période de ta mémoire et de ne plus en entendre un mot. Rassemblant tes idées, tu te relevas et te mis en quête des tes affaires. Stoppant tout au bout de quelques minutes, tu réalisas avec surprise que le sorcier n'avait pas bougé depuis que tes dernières paroles à son égard. Ramassant un coussin qui traînant par terre sans raison apparente, tu le jetas sur ce dernier avec agacement. « Bouge, Scorpius ! »

Scorpius était hystérique à l'idée qu'il ait pu coucher avec Pénélope sans s'en souvenir. Après tout, il était pote avec Jeremy et ce genre de choses ne se faisaient pas vraiment. Certes, il n'avait jamais vraiment compris ce qu'il se passait entre Péné et lui, mais même. Il y avait prescription. Interdiction. Et pourtant, le jeune blond trouvait la situation tellement drôle. Là, assis sur le lit, face à la tête stressée et gênée de Pénélope. Il ne l'avait jamais trouvé vraiment attirante. Peut-être parce que la toucher lui avait toujours été interdit. Et alors qu'il la regardait, depuis le lit, il la trouvait jolie, certes, mais il n'appréciait pas ses formes comme il le ferait avec n'importe quelle autre fille. C'était presque comme s'il avait une soeur en face de lui. Il se dit alors qu'il pourrait dire ça à Jeremy lorsqu'il lui apprendrait ce qu'il s'est passé (ou pas). « Si vraiment il s'était produit quelque chose entre nous, pourquoi portes-tu ton caleçon ? » Scorpius jeta un coup d'oeil vers le bas et opta pour un grand sourire. Il répondit à la jeune femme avec un air fier. « On a peut-être fait ça sans l'enlever. » Il rigola, une fois de plus. Cependant, Pénélope ne semblait pas conquise par sa blague. Il tenta une nouvelle approche. « Ou alors, tu me l'as remis. » C'était moins drôle, mais elle n'avait même pas laissé échappé l'ombre d'un sourire sur son visage. Au contraire, elle était plutôt remontée. « On va faire comme si il ne s'était rien passé cette nuit. Tu vas partir et me promettre de ne jamais en parler à qui que ce soit. » Un peu déçu par son excès de rage, Scorpius s'allongea sur le lit en soufflant. Ce que les femmes pouvaient être rabat-joie. Ne pouvait-elle pas juste en demander plus. Peut-être que s'ils le refaisaient, ils s'en souviendraient. Scorpius rigola intérieurement à cette idée et se releva, regardant Pénélope rassembler ses affaires tout en tenant son drap. Elle était gauche et laissait parfois tomber des morceaux de peau, qu'elle ne supportait pas laisser à l'air puisqu'elle remettait tout de suite le drap à sa place, lâchant ce qu'elle avait dans les mains. Scorpius profitait du spectacle sans rien dire, jusqu'à ce qu'il se fasse vraiment engueuler. « Bouge, Scorpius ! » Sur le coup, Scorpius recula quelque peu la tête. Il était surpris de son ton et de l'intensité de ses paroles. Il ne broncha pas plus et se leva enfin du lit, s'étira et commença à récupérer une chaussette, une autre. Sa ceinture, son t-shirt. Cependant, il prenait son temps. « T'es pas marrante. T'as vraiment pas envie de savoir ? » De son côté, il mourait d'envie de se remémorer quelque chose. Il cherchait mais rien ne venait. Aucune odeur, aucun passage. Comme si le trou noir avait tout emporter. D'un coup, une question existentiel lui traversa l'esprit. « Attends, t'es nue toi ? » Parce qu'après tout, il avait été appelé le déshabilleur plus d'une fois par ses potes, et si enfin ça s'avérait vrai, il ne pourrait que s'en vanter d'avantage.