A ma naissance, celui qui dirige tout, il a dû tirer un billet plein de boue. Personne ne peut en douter. Bulstrode. C’est ce nom qui m’a été donné. Un nom sali par ma propre mère, une folle, complètement dégénérée. Avoir deux enfants hors mariage, chez les sang purs, c’est un véritable déshonneur, pas assez pour se faire déshériter néanmoins. Sinon, je ne serai pas là. A croire qu’une fois ne lui a pas suffi, elle a recommencé une deuxième moi. C’est ainsi que je née, parce que ma mère trop cinglée, s’est faite avoir deux fois par le même homme. Mon enfance ne s’est résumé qu’à une seule chose : faire mieux que ma mère, la surpasser, pour honorer nos illustres ancêtres. Millicent Bulstrode, une femme qui n’aime ses enfants que pour ce qu’ils pourraient devenir. Mes grands-parents ont personnellement veillés à ce que moi et ma sœur recevions une éducation dans la pure tradition des sangs purs, une éducation dites mangemort, je trouve le terme plus explicite. Je suis entrée à Poudlard avec une peur irraisonnable. Ma mère m’avait fait comprendre tout l’été que si je n’allais pas à Serpentard, je serai certainement reniée de la famille. Une honte suffisait bien assez, sa honte. C’est aussi dans ce château que j’ai observé ma sœur, qui confirmait les dires de ma mère. Plus elle grandissait, plus elle s’affirmait. Jamais on ne la voyait sans Weasley et Londubat. C’est en écoutant ce qu’elle me racontait, en entendant ces rires que mes opinions ont commencé à se forger. Il existait, en dehors de notre vie toute tracée, des familles qui acceptaient les personnes telles qu’elles étaient, qui s’aimaient assez pour ne pas se renier. C’est alors que le chapeau prononça un seul mot, qui me sauva la vie, ou scella mon destin. « Serpentard ! ». Il m’est arrivé à moi aussi de côtoyer des élèves au sang impur, une de mes meilleures amies en fait partie. Evidemment, je n’avais pas la force d’Imogen, j’avais peur de ce qui pourrait arriver, alors lorsque je les voyais, je me cachais. Je le faisais discrètement. A Poudlard, je pouvais à présent être presque tout ce que je voulais, personne ne me surveillait, personne ne préviendrait ma mère si je faisais une incartade à rigolant un peu trop avec une personne de rang inférieur. Malgré cela, je n’osais pas trop les approcher, ou me montrer, au cas où cela parvienne aux oreilles d’Elwin. Quoiqu’il en soit, à Poudlard, j’étais en sureté. Un peu comme si l’on m’avait mise sur une ile, comme si j’attendais le bateau qui m’enverrait en enfer. Le calme avant la tempête. Poudlard, l’œil de mon ouragan. Oui, c’était bientôt. Il me pressait de quitter ce château pour une seule chose. Pouvoir être avec Elwin. Faire en sorte qu’il m’aime.
« Je te présente Elwin Rheo Lestrange. » Cette simple phrase. Je m’en souviendrai toute ma vie. Je n’avais que douze à l’époque. Lui, il en avait dix-neuf. Lestrange. Ce nom était sur quasiment toutes les bouches de sang pur. Tout le monde connaissait Bellatrix, fidèle du seigneur des ténèbres, grandes sorcières qui avaient torturé à mort les deux Londubat. Oui, la lignée des Lestrange était une des plus pures que l’on connaisse, et c’était un honneur d’en faire partie. Ou un enfer. Etre une Bulstrode n’était déjà pas facile. Et l’on m’annonçait qu’on me trouvait digne d’épouser le fils Lestrange, et d’en devenir une. Très franchement, à l’époque, j’avais eu très très peur. Le pire après midi de ma vie. Imaginez, vous êtes une fillette de douze ans, vous rentrez chez vous durant les vacances de noël, et un garçon de dix-neuf, se trouve en face de vous. Un garçon dont vous avez longtemps entendu parler, par vos camarades plus âgées qui ont été à Poudlard comme étant très beau, très classe, parfait. Un garçon qui enchaîne les relations amoureuses, et qui se plaît à dire qu’il continuera, même marié. On vous dit que c’est votre mari. Du au de mes douze ans, j’ai eu peur. Je savais que toutes mes amies allaient me jalouser, mais très franchement, je n’avais jamais eu de petit ami. Ce n’est seulement qu’à ma dernière année à Poudlard. A force de penser à lui, de le voir en dehors de l’école, j’étais tombée amoureuse de lui. Je commençais à comprendre ses réactions, à les connaître. Je savais qu’il n’était pas si indifférent au fait que son frère soit parti chez l’ordre, je savais qu’il ne savait pas non plus où pencherait son cœur le jour où il se retrouverait en face de lui. Oui, je n’avais pas appris à l’aimer, j’étais tombée amoureuse de cet homme mystérieux, si insaisissable.