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| Sujet: + no more tears in heaven (jade) Dim 2 Juin - 7:23 | |
| I'll find my way through night and day because I know I just can't stay here in heaven Marcia marchait sans savoir où elle allait, à vrai dire ce qui l'occupait depuis qu'elle était sortie dehors, pour changer d'air, c'était les passants. Leur monde avait beau s'être écroulé quelques jours plus tôt, les sorciers vaquaient à leurs occupations habituelles. La vie continuait et la terre tournait toujours aussi rond. Lorsqu'un événement les affectait, la plupart des gens accordaient leurs émotions à la situation. Un temps. Puis ils oubliaient et passaient à autre chose, c'était la meilleure chose à faire et c'était la chose normale à faire. Et alors que Marcia se demandait pourquoi, par Merlin, elle-même n'arrivait pas à en faire autant, elle eut brusquement l'envie irrépressible de boire un verre, histoire d'oublier un peu le brouillard dans lequel était plongée sa vie. Elle fixa sa montre, elle affichait 14h20. La jeune femme fronça les sourcils en grimaçant. Elle aurait pu y croire si elle ne s'était pas déjà faite avoir de la sorte quelques mois plus tôt. Ça s'était passé à Poudlard, un réveil en sursaut un matin en pleine semaine. D'après sa montre elle avait près d'une heure et demi de retard. Elle s'était dépêchée sans même jeter un œil aux lits voisins : elle aurait alors pu voir que toutes ses camarades de chambre dormaient encore à poings fermés mais Marcia se croyait trop en retard, ce matin là, pour perdre la moindre seconde à pareille futilité. Bien mal lui en prit, elle ne se rendit compte de l'anormalité de la situation qu'une fois assise sur son coussin préféré – toute heureuse de s'en être emparée malgré son affreux retard – de la salle de divination en constatant qu'elle était finalement seule dans la pièce. Et c'est seulement à ce moment là, après s'être habillée à la vitesse d'un Éclair de feu, sans même prendre le temps de se coiffer, après avoir dévoré les quelques biscuits laissés par les elfes de maison dans la salle commune et, surtout, après avoir traversé la moitié des couloirs du château sans s'étonner de ne croiser personne, oui c'est seulement à ce moment là qu'elle prit le temps de vérifier l'heure auprès d'une source fiable. Elle avait quatre heures d'avance qu'elle employa, plutôt pitoyablement il faut bien le dire, à réviser à la bibliothèque pour un contrôle en fin de journée qui de toute façon fut finalement annulé et même pas reporté. L'expérience avait été amère et on ne l'y reprendrait plus. Elle avait décrété, depuis lors, que sa montre était capricieuse et celle-ci ne cessait, chaque jour, de la conforter dans sa conviction.
Elle observa à la ronde les dizaines d'enseignes du Chemin de Traverse avant que ses yeux ne tombent sur une horloge. 18h30. L'heure idéale pour un apéritif. Elle serait bien allée au Chaudron Baveur mais elle était fâchée avec le patron depuis qu'elle avait démissionné. Aussi évitait-elle soigneusement de s'y rendre, le temps que tout cela se tasse un peu se disait-elle avec optimisme, et préférait s'asseoir à une table de Chez la Voisine, juste à côté, où elle aimait la gaieté de la serveuse et plus encore ses cocktails 'Feudeymon' dont elle refusait de livrer le secret de fabrication. Et quand elle vous le servait avec son inimitable sourire, la jeune femme le présentait comme « la boisson qui te fait cracher du feu ». À très juste titre, d'ailleurs, puisqu'en boire un verre vous permettait d'expulser par la bouche une magnifique minuscule créature de feu qui disparaissait quelques secondes plus tard. C'était surtout pour ça que Marcia adorait en boire et elle espérait toujours voir apparaître une licorne, même si cela ne lui était encore jamais arrivé. Bizarrement, trouvait-elle, elle recrachait toujours un dragon et refusait d'admettre que le cocktail, à l'image du maléfice dont il tirait son nom, n'était tout simplement pas élaboré pour faire naitre une créature aussi pure qu'une licorne. Soit. Marcia pouvait se montrer vraiment bornée quand elle le voulait.
« Un Feudeymon s'il-te-plait » demanda-t-elle finalement à la barmaid en s'appuyant sur le comptoir, parfaitement à son aise. Oui, elle aimait cet endroit qui semblait avoir été épargné aussi bien par la crise que par la guerre et où les gens avaient toujours le sourire aux lèvres et semblaient simplement heureux d'être là. Peut-être n'était-ce, cependant, qu'une impression qu'elle avait. Peut-être était-ce juste ce qu'elle avait envie de voir.
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