«
Papa, tu me parles de maman ? » Cette question était récurrente chez la petite fille alors âgée de sept ans. Elle ne comprenait pas encore que sa mère l’avait abandonnée, elle était persuadée qu’un jour elle la reverrait. «
Je te l’ai déjà dis un million de fois Esfir… » Commença-t-il en la prenant dans ses bras. Il l’installa alors sur ses genoux et la petite fille ancra son regard a celui de son père. «
Ta maman était une moldue. Quand je lui ai dis que j’étais un sorcier elle est partie, c’est tout. Les moldus ont du mal à croire en la magie, c’est pour ça que tu dois comprendre que tu dois bien faire attention à l’école pour que personne ne se rende compte de tes pouvoirs, d’accord ? » Esfir hocha la tête d’un air déçu tandis que son père déposait un baiser sur son front. Il la fit descendre de ses genoux et lui proposa d’aller dans le jardin faire la chasse aux papillons, ce qui remonta instantanément le moral de la fillette qui courrait déjà dehors avec un filet à papillon.
Esfir n’était plus une enfant et elle avait finit par comprendre ce qui était arrivé à son père, ce qui lui était arrivée à elle aussi par la force des choses. Elle en voulait à sa mère sans même la connaître. Comment avait-elle pu abandonner sa propre fille ? Esfir la dégoutait-elle à ce point ? Elle avait bien sur posé toutes ces questions à son père mais celui-ci n’avait jamais répondu, prétextant qu’il ne connaissait pas mieux qu’elle les raisons qui avaient poussé sa mère à l’abandonner. Pourtant elle était certaine qu’il lui cachait quelque chose, n’importe quoi. La jeune fille repoussa cette idée dans sa tête, rien ne devait la déconcentré aujourd’hui. Aujourd’hui elle était décidée à entrer dans une des équipes de quidditch de Durmstrang au poste d’attrapeur. Elle n’était pas bien grande et très fine, Esfir avait la carrure idéale pour ce poste qu’elle admirait tant. De plus elle était vive et volait très bien. Arrivée sur le stade le capitaine de son équipe leur demanda d’abord de faire un tour du terrain pour évaluer leur niveau de vol. Elle enfourcha son balai en lançant un regard autour d’elle pour évaluer ses chances par rapport aux autres et donna un grand coup de pied sur le sol pour décoller. Le vent dans ses cheveux et sur son visage était comme une libération. Elle avait l’impression qu’en vol toutes ses peines s’envolaient aussi. Elle inspira profondément avant de commencer à faire le tour du stade. Après ce simple exercice quelques candidats furent recalés, certains savaient à peine voler. Le capitaine demanda ensuite aux candidats attrapeur d’exécuter quelques figures. Esfir y arriva sans problème mais une autre fille y arrivait autant qu’elle du coup le capitaine décida de lâcher le vif d’or. «
Celle qui l’attrapera la première aura le poste ! » Et pendant que les deux jeunes femmes se disputaient la place d’attrapeuse les essais continuèrent sur le stade. Esfir du éviter un cognard qui fonçait sur elle en dernière minute, elle se coucha presque sur son balais afin de ne pas se prendre la balle en pleine tête et cette manœuvre lui permit de voir le vif d’or juste au dessous d’elle. Elle fonça en piqué et ne remarqua pas que l’autre fille l’avait vu et lui fonçait dessus. Esfir tendit la main devant elle dans l’espoir que le vif d’or ne changerait pas radicalement de trajectoire mais non, il prit un virage en épingle à cheveux et Esfir eut beaucoup de mal à le suivre mais l’autre candidate avait la même difficulté qu’elle. La brune, désireuse de prouver qu’elle était plus qu’une étudiante douée en sortilège serra le manche de son balai pour le faire accélérer. Elle fila entre les joueurs, l’autre candidate étant au coude à coude avec elle et tendit à nouveau la main. Avec un cri triomphant elle remonta en chandelle, le poing fermé sur la petite balle d’or. «
Impressionant ! » Lança une voix inconnue, Esfir tourna la tête et vit l’étudiant anglais dont tout le monde parlait car il ne connaissait pas bien leur langue. Son accent ne trompait personne et sa dégaine classieuse non plus. Elle sourit, ravie du compliment et atterit à coté de lui. «
Merci. Moi c’est Esfir et toi ? Tout le monde t’appelle l’anglais mais personne ne semble connaitre ton prénom. » Fit-elle avec un rire. Il ne sembla pas particulièrement enchanté de savoir ça mais se présenta tout de même. «
Archie Avery. » fit-il avec un demi-sourire et depuis lors il devint son seul véritable ami dans cette école.
Depuis un an elle n’avait plus revu Archie, leurs études étaient désormais terminée et la jeune femme n’avait plus eu de nouvelles de son ami, elle avait longtemps hésité avant de lui envoyer une lettre mais maintenant que son père lui annonçait qu’ils allaient déménager en Angleterre elle ne pouvait que reprendre contact avec le sorcier. Elle avait été si heureuse de savoir qu’elle allait le revoir qu’elle en avait littéralement bondit de joie. Bien sur Esfir aurait pu continuer à vivre en Russie et se trouver un boulot là mais elle galérait depuis un an et ne pouvait que suivre son père. La jeune femme s’installa alors à son bureau dans sa chambre et prit sa plume qu’elle trempa dans de l’encre avant de coucher quelques mots sur un parchemin.
« Archie,
Mon père vient de m’annoncer qu’il devait déménager en Angleterre pour son travail, comme tu le sais il travaille en tant qu’ambassadeur pour le ministère de la magie russe et ils ont besoin de lui sur le sol anglais. Je n’ai pas encore trouvé d’emplois depuis la sortie de Durmstrang du coup je vais le suivre. J’espère que l’on se reverra bientôt, tu me manques beaucoup !
Affectueusement,
Esfir. »
La brune relu sa lettre avant de décider qu’elle était suffisante et alla l’attacher à la patte de sa chouette effraie. «
Je sais que c’est loin ma belle, mais c’est important. » Fit-elle doucement en caressant le bec de la chouette. «
Apportes ça à Archie, en Angleterre. » La chouette lui pinça affectueusement le doigt avant de s’envoler, la lettre accrochée à une patte. Esfir sourit en regardant la chouette s’éloigner et descendit dans le salon pour aider son père a préparer le déménagement.
«
Reste derrière moi Esfir. » fit son père en russe. Esfir hocha la tête, la main sur sa baguette magique dans sa poche. Quelqu’un était entré mais personne n’était attendu, personne à part les deux seuls résidents de la maison. La jeune femme savait que, dans ce pays, il y avait des tentions entre les anciens mangemorts et les anciens membres d’un ordre dont elle n’avait que peu entendu parler. Elle savait aussi que les élèves de Durmstrang et les gens d’europe de l’est en général étaient assez mal vu car traditionnellement affilés au mage noir qui avait désormais disparu. Il est vrai que Durmstrang méprisait les moldus et ne traitait pas ses élèves né-moldus avec autant de révérence que les autres mais tout de même, elle était russe et savait ou le bien se trouvait. Mais ce qu’elle vit dans son salon l’étonna bien plus que tout, elle eut un sursaut et lança un regard interrogateur à son père. Esfir avait l’impression qu’on venait de la placer devant une sorte de miroir étrange. L’autre fille avait les cheveux un peu plus courts qu’elle et une attitude singulièrement différente. Elle demanda des explications que Esfir ne pouvaient fournir, ce fut alors le père qui le fit. Leur père. Elle connaissait sa mère ! Mais trop tard, la jeune femme s’enfuyait déjà. «
Attend ! » cria-t-elle derrière elle. Elle lui courut après sans tenir compte des protestations de son père. «
Tu es ma sœur et je ne sais même pas comment tu t’appelles ! » fit-elle, pleine de rage. Esfir était certaine que si elle n’avait pas crié ces mots sa jumelle se serait enfuie en transplanant. «
Alexandra. » fit-elle simplement avant de, effectivement, quitter les lieux en disparaissant. Esfir avait une sœur, elle qui avait toujours rêvé de ne pas être fille unique avait une sœur.