oh my god, mother of christ

Cheveux châtains, les yeux d'un bleu clair, la peau aussi blanche et lisse qu'une tasse en porcelaine, je la dévorais du regard. Depuis un quart d'heure, la nana me parlait de sa vie. C'était une belle créature et en plus de ça elle ne semblait pas être indifférente à mon charme. Je savais que j'étais pas une ordure, qu'un jour il y aurait bien une meuf qui allait me cligner de l'oeil. Je ne pensais pas que ce soit l'endroit idéal, mais mieux vaut ça que rien. Pour l'instant, j'étais bien content d'observer avec plaisir Amanda, car c'est ainsi qu'elle s'appelait. Oui, j'ai quand même retenu son prénom au début de la conversation. Par contre, là, j'étais paumé. Je ne l'écoutais même plus. Tant pis, j'aimais mieux poser mon regard sur elle que d'écouter ses paroles. Je ne sais même plus comment on s'est rencontré. En tout cas, c'est pas moi qui est allé la voir, pour sûr. J'aurais pas eu les boules. Mais maintenant que la discussion est engagée, c'est du gâteau. Tout était parfait, jusqu'à ce que j'aperçoive son nez s'allonger. Je clignai des yeux plusieurs fois. A force de fixer quelque chose, on a souvent l'impression qu'il bouge. Je regardai à nouveau, l'esprit avivé par la curiosité. Non, ça ne faisait aucun doute, son nez s'allongeait! Mes yeux s'écarquillèrent comme un soufflet de quidditch et je laissais passer un petit gémissement de ma bouche, entrouverte de dégoût. La nana dut se rendre compte de quelque chose lorsqu'elle vit ma moue devenir de plus en plus forcée. Je ne pouvais pas m'empêcher d'extérioriser mes pensées, alors lorsqu'une petite verrue apparut sur le nez avec -j'en jurai sur la tête d'un léopard zébré- un petit "pop". Oooh fuuuck! Criai-je. J'avais un monstre devant, putain. C'était quoi cette blague ? Un poisson d'avril ou une connerie de ce genre ? Je regardai Amanda avec horreur. Elle dut s'en rendre compte et se cacha le visage. Non, non, non, mince... Puis, elle s'enfuit en courant. Moi, je restai debout, à côté de ma chaise, trop assommé par le spectacle hideux qui s'était offert à moi. La première fille qui venait vers se révélait être un crapaud, comment c'était possible ? Pourquoi ça n'arrivait qu'à moi ?

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elle est belle ta vie, c'est bien

Je suis une véritable bouse en ce qui concerne les filles, les rendez-vous galants, les demandes de sorties, mais là j'avais touché le fond du goulot. J'avais été dragué par une mocheté, une petite sorcière misérable dépourvu de matière grise et blanche, une pré pubère de l'âge de mon père. BEURK. Maintenant que je venais de voir clair dans l'esprit de cette créature, j'avais une forte envie de dégueuler ma bièreaubeurre. Seul mon amour propre m'en empêchait. La plupart des clients étaient certes des ivrognes, mais certains étaient encore sobres. Il faut dire qu'il était onze heure du matin, la journée ne faisait que commencer, on pourrait s'attendre à ce que les beuveries n'ait pas encore lieu. Faux! J'ai l'impression que c'était même pire. Genre, plus tu es bourré, mieux tu commence la journée. Je ne suis un alcoolique chronique, mais ce coup de théâtre m'avait franchement remué l'estomac et le cerveau. Je tremblais encore sous l'emprise de l'adrénaline. Je n'étais pas prêt d'oublier cet instant. « Hum, hum. » Je redressais la tête et évitais tous regards posés sur moi et remettais mon col de chemise sur une note diplomate. Reprendre confiance en soi et surtout donner l'impression d'être intouchable malgré ce qui s'est passé. Je n'avais plus que deux solutions : partir en courant et ne jamais revenir, soit prendre le verre dont j'avais grand besoin. Cependant, alors que je tanguais à me décider, on fit le choix à ma place. « Bonne pioche ! » La phrase prit feu. Je me tournais vers la personne qui avait osé lancer ça et je tombais sur le beau visage d'un blonde. Évidemment, pensais-je. Je roulais haineusement des yeux. Évidemment, la sulfureuse blonde se moquait de moi. Elle était bien en état de le faire, avec ses traits parfaits. Peut-être pensait-elle que je n'était qu'un pauvre minable, incapable de d'avoir une petite-amie à la limite de l'acceptable. Le vinaigre fit un quart de tour dans mon sang, je me sentais chauffé de colère. Pour qui elle se prenait cette salope ? Je serrai la mâchoire et les poings par la même occasion. Si seulement elle n'avait pas un aussi beau visage, je lui aurais volontiers cassé les dents. « Merci pour le divertissement. » Qu'est-ce que j'attendais au juste ? Ah oui, son beau visage... et cette petite pointe de frayeur. La jeune femme avait l'air sûre d'elle et était apparemment habitué à ce genre d'humiliation publique. J'avais peur, comme à chaque fois, lorsque j'étais mis au centre d'une dispute. Dans un spasme, ma main alla effleurer ma veste et je sentais ce bout de bois si familier sur la peau. C'est bon, ma baguette était près de moi, mon précieux. J'étais en sécurité. Je pouvais foncer. GO, GO, GO. « Si j'avais su... ça ne se serait jamais arrivé. » Ce genre de justification, c'est expressément made in boys. Il faut toujours qu'on trouve une explication au truc le plus débile dans lequel on s'est enfoncé. c'est comme ça, c'est une question d'amour propre, de virilité. La moue vexée quitta mon visage pour se transformer en grimace de colère. « Qu'est-ce que t'en as à foutre d'abord ? » Avec dix années en compagnie d'Ekaterina Udinov, on ne pouvait pas rester un petit garçon polie et bien droit. Non, il y avait forcément des dérives. Ce petit garçon devenait outrageant, un peu clown et un peu vulgaire, si ce n'est totalement. Aussi, je n'avais eu aucune mauvaise conscience à lui répliquer sur un ton désinvolte.

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