Hogwarts. L'aventure commence pour Hugo. A chaque fois, ce fut la même chose. Le stress, l'angoisse du premier jour mélangé à de l'excitation. Je ressentais les mêmes sentiments que lorsque j'étais plus jeune. A mes onze ans, attendant impatiemment que l'Hogwarts Express nous ramène dans la grande école de sorcellerie Poudlard. Je voulais le meilleur pour mes enfants et il était hors de question de prendre du retard sur notre emploi du temps et la veille ainsi que le jour du premier septembre, j'étais une pile électrique. Je ne tenais plus en place. Ça amusait bien Ron et les enfants. « Remuez-vous, nous avons un train à prendre. » Je prenais la main de notre fils, Hugo et nous quittâmes la maison pour prendre la voiture.

Lorsque vous nous voyez comme ça, vous devez certainement vous demander si ce sont bien Hermione Granger et Ron Weasley qui ont combattu les forces du mal aux côtés du célèbre Harry Potter. Toutes ces années écoulées... La peur. La crainte. L'angoisse. La guerre était terminée. C'était du passé mais je n'arrivais pas à quitter mon regard de ma baguette magique lorsque je vagabondais dans les rues de Londres et même au sein du Ministère de la Magie. Chaque personne humainement constituée ressentirait ce sentiment de traque, d'inquiétudes pour ses pairs. Essayer de ne pas y penser, recommencer une nouvelle vie, c'est à facile d'y penser mais encore faut-il se donner la peine d'y parvenir. Ramener les enfants à la gare de King's Cross entrainait une vigilance plus que maximum pour moi et Ron. Ça tombe dans l'absurde mais je ne voulais pas qu'il arrive quoique ce soit pour Rose et Hugo. Je voulais leur éviter, un minimum, de souffrance. Leur éviter de vivre ce que moi et Ron avions vécu par le passé avec Harry... Ils vivront leur lot d'aventures, c'est de la continuité de la vie, mais si nous pouvions minimiser les dégâts, ce serait déjà un pas.

« Envoie-nous très rapidement une carte mon chéri. Raconte-nous tes premières impressions. Ta soeur prendra bien soin de toi et prends bien soin d'elle aussi. » Je le serrais très fort contre moi. Je savais maintenant, depuis quelques années, l'émotion que ressentait ma mère lorsque j'avais pris, pour la première fois, le train en direction d'Hogwarts. A cette époque, j'étais bien trop excitée pour rejoindre l'école et pouvoir assouvir mon apprentissage avec les professeurs que j'oubliais que je ne recevrai plus mes parents jusqu'aux prochaines vacances. Quitter, pour la première fois, mon petit garçon, c'était un déchirement. Des larmes pétillèrent mes yeux et je souriais aux enfants. Il était l'heure pour eux de prendre le train. Nous les embrassions pour une dernière fois puis nous les regardions monter dans le train. « Soyez vigilants les enfants! Travaillez-bien et écoutez vos professeurs. » J'avais couru pour qu'ils puissent m'entendre un minimum. Je m'arrêtais une fois que je ne fus plus capable de suivre l'appareil et Ron finit par déposer une main sur mon épaule. « Tout se passera bien. »

« Ginny... » J'avais pris quelques journées de congé pour passer du temps auprès de la famille d'Harry. Ce qu'il venait de se passer avait été désastreux et je ne me sentais à rester assise chez moi alors que Ginny et ses enfants avaient besoin de soutien après ce drame. J'essayais de ne pas me souvenir du jour de son enterrement, du jour où nous avions appris la mort d'Harry... Son propre enfant... Je ne parvenais pas à comprendre la raison de son geste. Comment Harry s'était-il comporté lorsqu'il a vu son fils pointé sa baguette magique sur lui? Elle était dos à moi. J'en profitais pour faire disparaître rapidement cette larme libertine qui s'était échappée de mon oeil pour tenter de rouler rapidement le long de ma joue. C'était difficile pour Ginny. Je le voyais très bien, qu'elle se le cachait ou non. Je ne pourrais pas vraiment me mettre à sa place. Je ne pourrais pas penser qu'Hugo puisse réserver le même sort à son père. « Tu sais que je suis là. Je serais toujours présente pour toi et les enfants ma chérie. » Plus une minute, je la tournais gentiment, doucement, vers moi et la prenais dans mes bras. Elle était silencieuse. Elle était perdue. Ses enfants... Je devais les voir aussi, prendre de leurs nouvelles et essayer d'être une bonne fausse tante pour eux. Ils avaient tout notre soutien. Ginny sanglotait en silence dans mes bras. Je caressais doucement sa crinière rousse. Je n'avais pas besoin de prononcer le moindre mot. Et ce serait inutile. La douleur était là. Elle ne disparaîtrait pas.