J'étais dans une immense prairie orange (oui, parce que l'orange était ma couleur préféré quand j'étais petite) et des arbres violets aux bords arrondis comme dans les dessins animés abritaient des hippogriffes rayés. Je m'amusais à leur lancer des pierres pour voir jusqu'à quel point ils garderaient leur self-control. Et soudain, un tremblement de terre me jeta par terre. Un éclair de feu apparut devant moi et je décollais rapidement pour échapper au déluge de feu qui gagnait du terrain en bas. Ma vision se troubla et je me réveillais. Je sentais le lit sous moi et mes draps légers sur moi. Mon rêve était terminé (un rêve bien effrayant si vous voulez mon avis). Mais je sentais encore cette chaleur étouffante, comme si... AAAAAH ! MAMAN, MAMAN ! Je tombais de mon lit et m'écartais précipitamment des rideaux. Celui de droite était en feu et il dégageait une forte odeur de brûlée. Ma mère accourut, en robe de chambre et complètement décoiffée, suivie de mon père. Elle était en panique.  ERZA FINNIGAN, QU'AS-TU ENCORE FAIT ? Je me mis à protester face à cette accusation injuste. POURQUOI FAUT-IL TOUJOURS QUE CE SOIT DE MA FAUTE ? Le deuxième rideau s'embrasa. Ma mère me lança un regard courroucée et je lui en rendis un plein d'innocence. Mon petit frère apparut derrière moi, se frottant les yeux et baillant à s'en décrocher la mâchoire. Il eut un rire démoniaque en voyant mon nouveau chef d'oeuvre. Toi, un jour, je vais te pendre par les pieds à Barnabé et t'envoyer en Chine, lui murmurais-je du bout des lèvres. Son sourire ne fit que s'accentuer un peu plus. Je vis du coin de l’œil ma mère sortir sa baguette magique et la pointer sur les rideaux. Les flammes s'éteignirent peu à peu, ne laissant derrière elle que deux fils pendre lamentablement. Mon père avait les larmes aux yeux. Il se jeta sur moi et me serra contre lui à m'en étouffer. Lorsqu'il me relâcha, j'avais l'impression d'être en face de l'homme le plus heureux de la planète. Ma petite fille chérie est enfin une sorcière ! Tu as eu un peu de retard mais... cette démonstration de magie était vraiment époustouflante. Je suis si fière de toi. J'étirais mes lèvres en un sourire crispée, agacée devant ce débordement d'émotions. J'étais pourtant habituée avec mon père. Il formait un contraste saisissant avec ma mère qui semblait ne jamais quitter son habit de juge (elle travaillait au département de la justice magique). Époustouflant ? Elle vient de détruire les rideaux que ta mère lui avait offert pour son anniversaire ! La seule chose époustouflante ici est son incroyable don pour la pyrotechnie ! En même temps avec un père pareil, je ne pouvais pas m'attendre à moins de sa part. Mon père enlaça sa femme et lui colla un baiser sur la joue. Mon petit frère sortit de la pièce en faisant semblant de vomir et j'eus une irrésistible envie de le suivre. Allez, Lavande. Tu as toujours détesté ces rideaux de toute manière. Et je suis sûre que ne pas savoir ta fille cracmol doit te faire plaisir, non ? Ma mère tenta de ravaler son sourire mais ce fut peine perdue. Elle embrassa mon père et me félicita, toute colère envolée. Elle était déjà bien dangereuse sans magie alors mon avis reste encore partagé quant aux bienfaits de ne pas la savoir cracmol, chéri, ironisa-t-elle. Je levais les yeux au ciel et me recoucha lorsqu'ils furent partis. Fermant les yeux, je me pris à sourire comme une débile. Mais après tout j'avais neuf ans et mes pouvoirs venaient enfin de se réveiller. Qu'aurait-il pu m'arriver de meilleur en ce monde ?

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SCAMANDER ! FINNIGAN ! ARRÊTEZ-VOUS IMMÉDIATEMENT OU VOUS SEREZ RENVOYÉS ! J'éclatais de rire devant ses menaces futiles et accélérais encore un peu plus. Derrière nous, Rusard était déjà à bout de souffle et peinais à suivre le rythme de la poursuite. Mon père m'avait parlé d'un Rusard plus rapide et perspicace mais celui-ci ressemblait à une vieille branche toute rabougrie, bon pour la retraite. Je soupirais de désillusion. Avec un vrai adversaire en face, ses années à Poudlard avaient du être bien plus excitantes que les miennes. Je suivis Lysander à travers un dédale de couloirs, semant Rusard dans les escaliers en constant changement. Erza ? Ted Lupin venait de sortir d'une salle de classe et parvint à m'éviter de justesse alors que je fonçais sur lui. Salut Teddy. Désolé, j'ai pas le temps, je t'expliquerais plus tard, lui dis-je précipitamment en voyant son expression perplexe. Il faut dire qu'avec mes vêtements couverts de boue et mes cheveux emmêlés, je devais ressembler à une véritable sorcière de conte moldu. Ce désastre était du à la bataille de boules de glaise engagée contre le concierge psychopathe qui nous avait surpris aux abords de la forêt interdite. Rusard commençait à rattraper son retard et je m'échappais encore une fois à sa vue. Cependant, j'avais perdu Lysander. J'avançais encore de quelques mètres et hésitais à un croisement de couloirs. Par où avait-il bien pu passer ? Une porte s'ouvrit soudain à ma droite. Un bras s'empara d'un pan de ma cape et me tira vigoureusement en arrière. La main de Lysander étouffa mon cri alors qu'il refermait la porte derrière nous. Quelques minutes plus tard, j'entendis les pas précipités de Rusard qui passait tout près de notre cachette. Nous nous trouvions dans une salle de classe vide. A présent sûr de ne pas se faire prendre, nos bouches se délièrent et nous nous écroulâmes de rire sur le sol froid. Je sentais mes muscles douloureux mais l'excitation de la course me les fit vite oubliés. Il s'en est fallu de peu, hein ? Ouais, dommage qu'on ait pas pu pénétrer un peu plus profondément dans la forêt. J'aurais tellement voulu voir les centaures. Lysander était l'un de mes meilleurs amis, bien qu'un an nous séparait. Je le connaissais depuis plusieurs mois déjà mais je n'avais toujours pas compris son obsession pour les créatures magiques. T'inquiètes pas, tu les verras bien un jour tes centaures. Peut-être même que tu pourras leur parler ! La prochaine fois qu'on ira. Ce serait le beau jour de ma vie, dit-il l'expression rêveuse.

[...]

Je fulminais. J'enrageais même. Cet imbécile me mettait littéralement hors de moi. Des naines de première année me barraient la route et je leur criais dessus pour qu'elles s'écartent. Au passage, je leur balançais à la figure qu'elles feraient mieux d'aller étudier au lieu de rester là en plein milieu du couloir à glousser comme des idiotes. La culpabilité aurait du m'effleurer quelques minutes plus tard mais j'étais bien trop en colère. Et puis, je l'aperçus enfin. Il était là, en plein milieu de la foule, à rigoler avec une bande de poupées barbie. Sans un mot, je l'empoignais par le haut de sa cape noir et le traîna jusque dans une salle vide. Cette scène me parut terriblement familière sauf que les rôles étaient inversés et que Lysander ne se débattait pas. Il semblait résolu à endurer le pire sermon de toute sa vie. Je le regardais dans les yeux et vis qu'il n'en était rien. Lysander paraissait juste agacé. Je... Cela faisait tellement longtemps qu'il ne s'était pas tenu en face de moi que cela me fit tout drôle. C'est à ce moment là que je m'aperçus réellement à quel point il m'avait manqué. T'avais pas le droit ! Tu m'entends Lysander Scamander ! T'avais pas le droit de m'abandonner comme ça ! Mais qu'est ce qui t'as pris ? Il maintint ses lèvres résolument fermées, cette expression de défi que je détestais et adorait tant sur le visage. Tu ne veux pas me le dire ? Et bien si c'est comme ça, je vais aller droit au but. Je ne PEUX PAS choisir entre deux personnes, c'est impossible. Je ne vois pas où tu veux en venir, Erza. Je parle de ma relation avec Teddy. C'est mon ami, je ne peux pas arrêter de le voir, ou de lui envoyer des lettres, simplement pour te faire plaisir. Alors arrête de te comporter en bébé et ne m'évite plus comme tu l'as fait pendant des semaines. Je ne t'ai jamais évité, c'est plutôt toi qui l'a fait ! Je levais les yeux au ciel devant tant de mauvaise foi. Et je ne t'ai jamais demandé non plus de me préférer à Teddy, tu peux très bien être ami avec lui et ami avec moi. La manière dont il accentua le mot "ami" ne me plut absolument pas. A vrai dire la manière dont cela m'irrita, m'irrita encore plus. J'avais envie de lui cracher toute ma hargne au visage mais les papillons dans mon ventre m'en empêchèrent. Je ne veux pas être ami avec toi, je... Je me tus subitement, n'en revenant pas d'avoir sorti ces mots. Qu'est ce qu'il me prenait ? Il s'approcha de moi, une expression interrogative sur le visage. Les papillons dans mon ventre se transformèrent en abeilles surexcitées par du pollen. Tu... Quoi ? Après quelques secondes de trouble intense, j'enroulais vivement mes bras autour de son cou et approchais sa tête de la mienne. Puis avant de me résigner ou de faire quelque chose d'autre d'encore plus stupide, je l'embrassais avec toute l'énergie que j'avais emmagasiné pendant ses semaines à ruminer contre Lysander. Et Lysander, Lysander Scamander, mon ami d'enfance, me rendit mon baiser. A mon plus grand plaisir, ce ne fut absolument pas un gentil baiser d'enfant.

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Mes années Poudlard étaient finies. J'étais maintenant entrée dans la Brigade Magique en tant que Tireuse d'élite, un poste au Ministère qui avait fait la fierté de ma mère. Lysander et moi avions emménagé ensemble à ma sortie de l'école. Malgré toutes nos disputes, les jalousies propres à l'adolescence (ou pas) et cette dernière année que nous avions vécu séparément, notre couple avait tenu. Je n'aurais jamais cru aimer quelqu'un avec autant d'ardeur mais j'étais presque certaine que Lysander était le bon. Avec qui d'autre aurais-je pu seulement songer passer le reste de ma vie ? Cependant, la guerre et les conflits se multipliaient, notamment avec l'apparition de cette organisation s'en prenant aux vainqueurs de la deuxième grande guerre. La confrérie. Or, Lysander et Teddy avaient pris une décision qui m'avaient profondément terrifié puis mise en colère. Ils avaient décidé d'entrer dans le nouvel ordre. Ils ne veulent pas m'écouter. Je ne sais plus quoi faire, Hestia. Sincèrement, j'aurais préféré qu'ils ne s'engagent jamais au péril de leur vie. Je me tenais sur une terrasse de café avec Hestia, celle qui avait été ma meilleure amie et que j'avais perdu de vue à Poudlard. Aujourd'hui, nous essayons de recoller les morceaux sans trop de difficultés, de part notre neutralité commune. Je sais. Toute cette histoire commence à me faire sérieusement peur. J'avais tenté de raisonner Teddy mais c'était déjà peine perdue. Et c'était encore pire du côté de Lysander. Celui-ci m'en voulait presque de ne pas suivre sa voie. Pour tenter de chasser ces pensées, je changeais de sujet. Et avec Lorcan, ça avance ? Hestia m'opposa un visage fermé qui me fit comprendre que le nouveau sujet de conversation avait été très mal choisi.

dialogues: