Tu n’avais pas eu un seul moment à toi de la journée … Mais maintenant que tu y pensais, cela faisait peut-être plus d’une semaine que tu n’avais pas eu un seul moment à toi et tu savais que si tu enlevais le maquillage qui couvrait tes cernes, ton entourage serait horrifié. Mais tu ne pouvais pas faire autrement, Alexander t’avait mis sur toutes les gardes de la semaine, les madicomages partaient apparemment en vacances à cette période de l’année … Enfin, ceux qui étaient proches de la retraite en tout cas. Donc tu avais encore une fois accepté ces conditions horribles sans rien dire mais là tu n’en pouvais tout simplement plus. Et puis Alexander oubliait que tu n’avais pas que ça dans l’esprit. Tu t’inquiétais de plus en plus pour ton frère Albus et tu n’avais pas la place pour t’inquiéter pour James vu que tu avais peur que tes parents découvrent les nombreuses attaques dont tu avais été la cible. Tu espérais d’ailleurs que personne ne t’attendait à la sortie de l’hôpital parce que sinon tu risquais de vite mourir sur place, tu n’avais pas la force de combattre quelqu’un très longtemps. Tu te rendis donc dans la salle de repos, tu avais encore une heure devant toi et tu avais besoin de café. Après l’avoir pris, tu t’asseyais sur le fauteuil et tu sentis le sommeil t’envahir. Alors que tu fermais les yeux, tu entendis la voix d’une de tes collègues : « Rentre chez toi Lily, je m’occupe de Prescott. Ca devrait être illégal de travailler à un rythme pareil aussi longtemps. » Tu t’apprêtais à protester parce qu’il était hors de question que tu aies un traitement de faveur quelconque mais Julie t’arrêta d’un geste de la main avant de dire : « Ne cherche même pas à me contredire, tu as finis ta journée et si Prescott fait une remarque, je me ferais un plaisir de lui dire que j’irais en parler avec son supérieur. » Julie paraissait si douce quand elle s’occupait de ses patients mais en réalité, c’était une véritable petite manipulatrice qui était très malicieuse mais c’était ce que tu préférais chez elle. Tu soupirais en te levant et en disant : « Merci Julie. » C’était tout ce que tu pouvais lui dire, elle savait déjà que tu lui étais éternellement reconnaissante, tu ne voyais pas comment elle pouvait l’ignorer. Tu te dirigeais vers les vestiaires où tu enlevais ta blouse et tu enfilais tes habits d’hiver. Ton lit t’appelait mais tu savais que tu ne le retrouverais pas encore, tu avais une personne à aller voir. Tu voulais aller la voir depuis un moment mais tu n’avais pas eu un moment pour le faire. Tu voulais profiter de cette soirée parce que tu ignorais quand tu pourrais avoir une autre soirée libre comme celle-ci. C’est ainsi que tu te trouvais dans la rue devant l’hôpital. Enfin, le vieux magasin que voyaient les moldus. Tu partis dans une petite rue et transplanait de suite, tu ne voulais pas prendre le risque d’être attaquée ce soir surtout que tu avais pris cette sortie assez régulièrement ces derniers temps. C’était le plus simple pour aller chez toi. Tu arrivais dans une autre petite ruelle. Tu ne savais pas réellement où habitait Evie, tu n’étais encore jamais venue à son appartement mais Albus t’avait expliqué où il était un jour où il te parlait de la demoiselle avant que Simon ne meure tragiquement. Tu avais gravé ces indications dans ta mémoire et tu arrivais devant la porte d’un appartement. Tu espérais ne pas t’être trompée et tu frappais. Quelques secondes plus tard, Evie frappa et un soupir de soulagement traversa tes lèvres. Bien entendu, elle fut surprise de te voir là : « Lily ? » Oui, tu pouvais comprendre qu’elle soit surprise, vous n’étiez pas les meilleures amies du monde et une partie de toi avait toujours peur qu’elle se retourne contre vous même si tu savais que ce ne serait certainement pas le cas, Albus lui faisait confiance. « Oui, désolé de te déranger, je suis sortie plus tôt du travail. » Elle se contenta d’hocher la tête avant de te dire : « Entre je t'en prie ! » Tu ne te fis pas prier et tu rentrais dans la chaleur de son appartement. C’était un appartement simple mais bien meublé, quelque chose qui ressentait la vie et le bien être. Tu enlevais ton manteau avant de lui dire : « Désolé de passer à l’improviste, j’aurais dû t’envoyer mon hibou avant … Je ne te dérange pas au moins ? » Oui, c’était la moindre des choses que de vérifier que tu ne gênais pas au moins. « Ca va ? »

Evie ne savait pas comment Lily s'était procurée son adresse, probablement par l'intermédiaire d'Albus, mais là n'était pas la priorité. Si elle avait pris la peine de se déplacer jusque là, c'était pour une raison précise et elle avait hâte de savoir laquelle. Elle appréhende un petit peu tout de même, peut-être avait-elle fait quelque chose qui lui avait déplu, une parole ou un geste déplacé. Ou alors elle venait simplement discuter, ce qui est également envisageable. Enfin elle était tout de même contente, l'étonnement passé, de la recevoir chez elle. Elle aimait bien Lily dans le fond et elle espérait vraiment que leur relation s'améliorerait. Evie s'avança vers elle pour récupérer son manteau et de le mettre sur le dossier d'une chaise, à défaut de porte-manteaux. « Pas de problèmes ! Tu ne me déranges pas du tout. » répondit-elle avec un sourire. Elle n'avait rien prévu pour la soirée alors ne pas la passer seule était plutôt un bon point, même si elle ne savait pas encore ce qu'allait être l'issue de cette rencontre. Elle regarda le paquet posé sur sa table, acheter peu de temps avant de rentrer, et qui allait être le dîner du soir. « Tu veux peut-être quelque chose à boire ? Nos boissons ou celles moldues, tu as le choix ! » C'était l'avantage d'avoir des voisins moldus, elle pouvait apprendre à mieux les connaître, comprendre leur manière de vivre et leur culture. Pour Evie, ça sera sûrement un coca-cola, ou quelque chose de gazeux en tout cas. Elle aime beaucoup sentir le liquide pétiller dans sa bouche et le goût est plus qu'agréable. Avec une pizza c'est parfait. Elle s'installa face à son interlocutrice. « Plutôt bien. Enfin, comme d'habitude. Et toi ? » La situation actuelle n'était pas des plus agréables à vivre, avec toutes ses tensions qui devenaient de plus en plus pesantes. Mais s'apitoyer sur son sort ne servirait à rien d'autre qu'à déprimer, et Evie ne voulait pas de ça. Elle voulait de la bonne humeur, ou du moins essayer de l'être ne serait-ce qu'un tout petit peu. Pour l'instant, on ne lui voulait rien. Elle avait intégré le Nouvel Ordre et à part ses membres, personne ne l'embêter. Elle voulait leur prouver qu'elle était digne de confiance, ce qui l'occupait déjà pas mal en plus de son poste au ministère. « Je suis au courant pour les attaques, Lily... Ça s'est calmé ? » Hésitante, elle n'osait pas vraiment lui poser cette question. Elle le fit d'ailleurs après quelques secondes de silence. Ce n'était pas ses affaires finalement, et si elle ne voulait pas lui répondre, elle le comprendrait. « Enfin on n'est pas obligées d'en parler, si tu ne veux pas ! » Elle essayait de se rattraper et quand Evie était mal à l'aise, elle avait tendance à trop parler. Elle esquissa finalement un léger sourire, baissant les yeux au sol. Lily n'était pas là pour aborder cette question, elle s'en doutait bien. « Tu voulais peut-être me parler de quelque chose ? » Elle devait avoir une idée en tête après tout, ce n'était pas une simple visite de courtoisie ou les retrouvailles d'anciennes amies de Poudlard.

La fatigue était ces derniers temps ta meilleure compagnie. Alexander semblait adorer t’exploiter mais tu ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, tu savais que s’il t’avait donné autant d’heures de travail c’était qu’il n’avait pas le choix et puis tu ne pouvais pas lui reprocher d’en faire moins, il en faisait encore plus que toi. Les attaques se multipliaient en ce moment et ce n’était pas rare de voir une victime passer les portes de l’hôpital. Tu ne pouvais t’empêcher de repenser à la dernière attaque que tu avais toi-même vécue et à laquelle tu n’avais pas échappé sans blessure cette fois. Tu n’avais pas vraiment honte à venir te faire soigner par tes collègues mais tu avais refusé de passer les portes de l’hôpital parce que tu savais très bien que si tu les passais tu devrais expliquer pourquoi tu étais dans cet état et ton père serait directement au courant. Alors tu avais utilisé Alexander, ton dernier recours dans cette situation. Depuis tu n’avais pas vraiment eu le temps de lui parler mais tu le ferais dès que possible, quand ton agenda te le permettrait. En tout cas, malgré la fatigue tu devais absolument aller voir Evie. Tu repoussais cette visite depuis des jours et des jours mais maintenant tu devais le faire, avec le peu de forces qu’il te restait. Elle était chez elle ce qui était en soi un immense soulagement. Evie t’avait donc ouvert et tu étais rentrée après son invitation. Tu n’avais pu t’empêcher de t’excuser de ta visite imprévue, elle était tellement surprise de te voir que tu t’en voulais un peu. « Pas de problèmes ! Tu ne me déranges pas du tout. » Te dit-elle en refermant la porte derrière toi. Tu lui souris tout simplement pour la remercier de sa gentillesse. Elle n’avait effectivement pas l’air d’avoir des plans car personne n’était chez elle mais bon, tu ne voulais pas la déranger. Tu enlevais ton écharpe et tu suivis Evie dans sa cuisine alors qu’elle te demandait : « Tu veux peut-être quelque chose à boire ? Nos boissons ou celles moldues, tu as le choix ! » Oui, tu avais envi de boire quelque chose mais tu avais besoin de quelque chose qui te redonnerait un peu de vitalité. Tu devais faire un peu peur à voir mais tant pis, tu pouvais l’assumer. Ce qui était bien avec Evie c’était qu’elle connaissait les moldus et qu’elle connaissait donc le café, boisson qui rythmait ton quotidien ces derniers temps. « Je vais prendre un café si tu en as, merci. » Dis-tu avec un sourire sur les lèvres. Ta relation avec Evie avait été chaotique mais tu avais maintenant la preuve que tous les gens ayant reçu une éducation de sang pur n’étaient pas des pourris. Tu savais qu’Evie avait rejoint l’Ordre, tu ne savais plus quel cousin t’avait passé cette information confidentielle mais ce n’était qu’une raison de plus de lui faire confiance. Tu demandais ensuite à la jeune femme en face de toi si elle se portait bien parce que c’était ce qu’on demande aux gens pour commencer une conversation et puis tu espérais aussi qu’elle allait bien, qu’il n’y avait aucun de ses amis qui était mort. « Plutôt bien. Enfin, comme d'habitude. Et toi ? » Apparemment tout allait bien pour elle. A ce moment là, tu aurais donné à peu près n’importe quoi pour que tu puisses lui répondre la même chose mais non, cela n’allait pas arriver … Tu poussais un petit soupir avant de lui répondre : « Je suis surtout fatiguée, on nous fait pas mal travailler à Sainte Magouste mais sinon je vais pas trop mal. » Dis-tu tout simplement. Evie n’avait pas à savoir qu’en plus de ton travail tu craignais par dessus tout que ta famille finisse par éclater autour de cette espèce de guerre et cela te terrifiait complètement. Alors tu essayais de trouver des stratégies pour y remédier. Evie t’apporta ensuite ton café avant de te demander : « Je suis au courant pour les attaques, Lily... Ça s'est calmé ? » Tu ouvris la bouche pour répondre avant de te rendre compte que tu n’avais jamais parlé à personne d’autre qu’à tes frères de ces attaques alors tu ignorais qui lui en avait parlé. Mais si l’Ordre était au courant, tu savais que cela arriverait rapidement aux oreilles de ton père, presque la totalité de ta famille était dans cette organisation … « Enfin on n'est pas obligées d'en parler, si tu ne veux pas ! » Ce n’était pas que tu ne voulais pas en parler. Bon, ce n’était pas ton sujet préféré de conversation mais tu ne refusais pas cependant d’en parler. « On peut en parler mais comment es-tu au courant ? J’ai bien pris le soin de n’en parler qu’à James et Albus. » Tu étais certaine de n’en avoir parlé à personne d’autre. Evie pourrait peut-être sentir l’inquiétude dans ta voix, ce n’était pas grave, tu ne cherchais pas à cacher ce que tu ressentais de toute manière. Evie essaya cependant de se rattraper, pensant qu’elle avait mal fait : « Tu voulais peut-être me parler de quelque chose ? » Ces paroles te ramenèrent à la réalité du pourquoi tu étais ici. Oui, pour parler de ton frère, enfin ça et autres choses, tout commençait à s’emmêler. « Euh … Oui, je venais pour mon frère. Je n’ai pas eu le temps d’aller le voir et je voulais savoir s’il allait un peu mieux. » Tu ne savais pas ce qu’il se passait entre les deux mais tu pouvais sentir qu’il se passait quelque chose.