Remember me

Rose Weasley & Elvis A. Spencer

« C’était une belle prise Spencer, on remet ça demain ! » Je me contente de hocher la tête, sans un mot ni même sans accorder d’importance au compliment de mon collègue. La plupart des tireurs d’élite de baguette magique ont choisis d’eux-mêmes ce métier, adorant l’adrénaline qui en découle et la fierté de débusquer les hors la loi. Je n’en ai cure, tout ceci m’indiffère et à vrai dire m’exècre. Rien ne me satisfait mais pourtant il me faut jouer le jeu, et comme tout ce que j’entreprends c’est une grande réussite. Mais la lassitude finie par me gagner, plus un seul moment de répit ne m’est accordé. Entre la chasse à l’homme et les courses poursuites, ma famille qui me met sans cesse la pression, et le Cercle qui compte sur moi pour récolter des informations, je n’ai limite plus le temps de respirer librement. Depuis les attentats, l’inquiétude du Ministère est à son comble et ne cesse d’enquêter à la recherche du moindre indice qui pourrait aider à dénicher les membres de notre secte. Il semblerait cependant qu’ils ne soient pas suffisamment malins pour cela. Depuis des siècles, nous avons appris à nous cacher et à garder nos identités secrètes, rien ne peut nous relier. Alors qu’ils perdent leur temps si ça leur chante. Ma mère me dit souvent que mon arrogance me perdra, qu’on ne devrait pas prendre ces menaces à la légère. Elle perd confiance, mais on a prouvé mainte et mainte fois que nous survivons à toutes situations, et nous le ferons encore. Nous sommes plus forts aujourd’hui, et nous gagnons du terrain. Preuve en est, le Ministère n’a jamais autant été infiltré par nos adeptes. Des personnes haut placés, qui règnent librement sans que quiconque ne doute de quoique ce soit. Alors je peux me permettre d’être arrogant. Ce n’est pas aujourd’hui ni demain que le Cercle tombera.

La nuit est tombée, et après ce qui me semble une éternité je peux m’offrir un moment de paix, de silence et de bien-être. Les rues sont quasi désertes, à deux trois sorciers près. L’air frais vient s’engouffrer dans mes poumons, qui accueillent ce délice avec plaisir. Le ciel est clair, pas un nuage à l’horizon, laissant place à une nuit parfaitement étoilée. C’est agréable. Ces derniers temps, trop de choses hors de contrôle sont venus perturber mes pensées. Un nouveau poste imposé par le Cercle, et le plus terrible de tous, des fiançailles. Il paraîtrait même que chaussure aurait été trouvée à mon pied, mais j’ignore cependant encore celle qui deviendra ma promise. Et pour l’heure, je ne veux pas savoir. Tant que cette femme reste inconnue, que rien ne s’officialise je peux savourer ma liberté et espérer encore à ce que tout ceci ne soit qu’un stupide canular. Oui, je me voile la face. Mais c’est la seule solution que j’ai trouvé pour ne pas exploser littéralement, ce maigre et futile espoir me permet de contenir la colère noire qui s’insinue en moi. Rien de tout ceci n’est mon choix, je ne contrôle rien et c’est terrifiant. Ne pas savoir à quoi m’attendre, ne rien pouvoir gérer. C’est horrifiant.
La seule chose que j’ai pu décider de moi-même depuis l’attentat, s’est de m’éloigner d’une de mes rares amies. Un choix qui fut difficile, et qui me rend encore amer. Mais je me devais de la protéger, du Cercle, de moi. Bien que nous connaissions tout l’un de l’autre, nos convictions restent profondément secrètes.

Les mains dans les poches de mon jean, je déambule dans les rues le nez levé vers les cieux. Bien que je m’interdise toutes nostalgies je ne peux m’empêcher de repenser à elle, Rose. Une perle, ma confidente, ma petite chose exaspérante. Pourtant nos rapports avaient très mal débuté, à coup de sorts jetés, de rancœur et  de colère. Des duels devenus des défis, des défis devenus des piques, des piques devenus des taquineries, des taquineries devenues une amitié singulière et un respect mutuel. Une amitié qui étonnamment me manque, et au fond me rend coupable. Un sentiment qui jusque-là m’était inconnu et que j’aurais préféré ne jamais ressentir. Mes pensées confuses s’entrechoquent, et ce qui devait être une balade paisible devient un combat mental épuisant.
La tête ailleurs, le regard sombre et tendu je ne prête même pas attention à mes gestes, à ce qui m’entoure. Jusqu’à ce qu’un choc me face revenir illico presto sur terre. Une jeune femme sortant d’une boutique ou de je ne sais quoi n’a pas eu le temps de rebrousser chemin ou même de s’arrêter. Nous sommes entrée en collision assez violemment, me coupant un instant le souffle. Reprenant ma respiration, une main sur mon torse comme pour faire disparaître cet impact. Revenu à la réalité je peux désormais m’intéresser à cette petite chose et un nouveau choc me terrasse. « Rose… » Non ! Comment cela ce peut-il ? A croire que le destin décide pour nous, alors que quelques minutes plus tôt j’avais mentalement exprimé mon désir de la revoir, mon manque. La voilà, devant moi. Je ne peux le croire, tellement qu’aucun mot ne sort de ma bouche.