Les éclats incandescents des sortilèges jaillissaient de part et d'autres, transformant le stade de Quidditch en un champ de bataille méconnaissable, et illuminant le ciel verdâtre de fugaces et lugubres éclairs jaunâtres. L'odeur du sang lui donnait la nausée. C'était abominable. Comment garder son sang-froid face à cette hécatombe ? La jeune femme voulait céder à la panique, à l'instar des autres sorciers dont elle entendait les gémissements de douleurs et cris d'épouvante non loin d'elle. La rousse déglutit péniblement, un goût métallique et âcre aux bords des lèvres. Partout où elle posait son regard émeraude, l'auror assistait à un sinistre carnage. Elle peinait à se frayer un chemin tortueux parmi les corps sans vie, qui jonchaient ce paysage apocalyptique, ses ballerines glissant régulièrement sur le liquide écarlate et poisseux répandu au sol. De temps à autre, elle reconnaissait les cadavres sur lesquels elle tentait de ne pas trébucher. Un employé du ministère qu'elle avait déjà aperçu dans les couloirs de son département, Harmonie une ancienne camarade de classe dont elle n'avait plus eu de nouvelles depuis des lustres, Agent Olsen un collègue de bureau, un garçonnet qui traînait souvent sur le chemin de traverse, un vieillard prénommé Edward que son époux détestait...tant de visages de personnes connues dont elle avait fini par éviter de s'appesantir. Lorsque certaines de ces victimes laissaient échapper un râle atroce, son coeur d'ancienne Poufsouffle lui criait de s'arrêter. Inlassablement, son esprit la poussait à venir en aide aux mourants et blessés. Mais Hestia se faisait toujours violence au dernier moment. Car, après des années d'expérience en tant qu'auror, la sorcière se souvenait encore parfaitement des instructions données lors des situations de crise. Elle se devait d'éliminer toute menace publique avant de s'affairer personnellement aux innocents. Et pas même son mal de tête épouvantable, conséquence de sa violente chute après avoir protégé Ridley Cavendish d'un mangemort, n'était en mesure de la dissuader. Elle avait une mission à accomplir, et se trouvait ainsi dans l'obligation de mettre de côté les sorciers survivants, même s'il s'agissait des membres de sa famille ou de Cole.

Dans cette scène où l'anarchie régnait fastueusement, des pleurs enfantins se détachèrent soudainement de la cacophonie morbide. Instinctivement, Hestia chercha la source de ces sanglots, son regard inspectant les alentours avec angoisse. Son regard se posa sur une silhouette encapuchonnée. L'inconnu leva au même moment une baguette de couleur sombre vers une fillette recroquevillée sur elle-même, terrorisée et ensanglantée. Le sang de la rousse ne fit alors qu'un tour. L'auror lança un sortilège informulé tout en se ruant vers l'innocente et son bourreau. Ce dernier fut frappé de plein fouet par le maléfice orangé de la jeune femme, et tomba à la renverse dans un bruit glauque. Cependant, la victoire fut de courte durée. Avant même de pouvoir s'attarder sur l'enfant, un autre sortilège fusa et la plaqua sur le sol boueux. Le souffle coupé, Hestia fut ensuite brusquement happée en arrière par une main agrippant ses cheveux avec une force presque surhumaine. Ce nouveau bourreau la tenait d'une poigne si ferme que son cuir chevelu la brûlait vivement. “En voilà une bien amochée !” ricana le mangemort, alors qu'il appuyait cruellement sa baguette sur la plaie sanglante située sur la tempe de la jeune femme, tout en serrant sa poigne sur sa chevelure flamboyante. Hestia poussa un hurlement de douleur, ses pensées s'embuaient soudainement dans une espèce de coton opaque. “ooooh mais c'est une belle petite commotion que tu as l'air d'avoir, chérie, ça sent vraiment mauvais pour toi.” la nargua-t-il avec un sourire condescendant.

“Pas elle, espèce de vieux dragon ! Surtout pas une Slughorn!” s'écria un comparse essoufflé de son tortionnaire, qui venait d'apparaître à leurs côtés, et dont l'expression était étrangement contrariée. “c'est une partisane !” Quoi ? se demanda-t-elle les sourcils froncés, et l'esprit toujours aussi confus. Elle voulut stupidement les corriger, mais aucun son ne sortit de ses lèvres pâles. Hestia ne vit même pas l'énième éclair rouge vif qui perça l'atmosphère lourde et pesante, derrière les deux mangemorts. Ce ne fut que lorsque ce feu de braises ardentes se rapprocha d'eux qu'elle comprit, cela au même moment qu'un autre homme, qui s'écria au loin “un Feudeymon ! un Feudeymon ! ”  Ils allaient être brûlés vifs. Et Hestia n'avait plus la force de se tenir debout à cause de sa commotion cérébrale. Dans un sursaut de conscience, l'auror se jeta alors sur la fillette toujours immobile, utilisant son corps comme un bouclier contre la fournaise insoutenable qui se dirigeait vers eux à une vitesse ahurissante.

HESTIA !" entendit-elle crier avant que le sol ne s'effondre sous leurs pieds, et que le noir le plus total ne s'empare d'elle.