Je laisse ma valise sur le pas de la porte et attends, impassible. Mon esprit s’échauffe pourtant. Le fait d’être revenu est un supplice auquel je ne m’attendais pas. Je m’attends à tomber sur Albus à chaque coin de rues, ou encore sur Frank. Même si je sais que c’est impossible. Une part de moi regrette de les avoir intégrés dans ma vie, parce que maintenant je souffre. Terriblement. J’approche ma main de la porte pour y toquer. Mais je recule promptement. Est-ce que je suis prête à leur faire face ? Je ne sais pas. Je n’en ai aucune idée en fait. Je sais que je peux fuir encore. Non, cette option n’est plus envisageable. J’ai d’autres choses en tête, d’autres convictions. J’inspire profondément, passe une main dans mes cheveux. Je vais sûrement les couper. J’hésite. Je pince les lèvres puis toque. Pas fort, je sais que ce n’est pas nécessaire. Je baisse les yeux sur mes talons aiguilles puis inspire profondément. La porte s’ouvre et j’écarquille les yeux. « grand-père ! » Je ne m’attendais pas à le voir ici. J’apprécie énormément le père de ma mère, un sorcier d’origine française. Il possède une barbe d’environs une semaine et ses cheveux bouclés d’une couleur argentée détonne sur sa peau hâlée. Je m’empresse de le serrer dans mes bras avant de me raviser. Je viens de me rappeler qu’il n’était pas coutume de montrer autant de signes affectueux dans une famille comme la mienne. J’avais appris à vivre différemment avec Albus. Je pince les lèvres puis demande à la gouvernante de la maison de porter ma valise. Je n’ai finalement pas perdu tant d’habitudes que ça. Ou peut-être est-ce le nouveau moi qui prend le dessus. Mes talons claquent sur le sol en marbre. Le manoir a été rénové depuis ma « fugue », comme si mes parents avaient gagnés bien plus d’argents qu’ils n’en possédaient déjà. La crise frappe le pays pourtant. Je me tourne vers mon grand-père, il possède une prestance que bien des personnes pourraient enviés. « où sont mère et père ? » Il n’a pas le temps de répondre à ma question que ma mère déboule dans le hall suivit de près par mon père. Et étrangement, elle me serre dans ses bras, avant de regarder mon visage de plus près. « tu as des cernes. » C’est une évidence. J’ai beaucoup de mal à dormir depuis la mort de Frank et celle d’Albus. Mes nuits sont hantés par leurs corps morts et sans vie. « j’ai transplané de pays en pays. » Réponse simple et concise. J’ai déjà réfléchi aux mensonges que j’allais devoir débiter en leurs présences, et je me suis déjà créer une histoire. « megara, ton absence nous a vraiment pesé. » Je lui souris. Lui aussi a changé. Il semble bien plus effacé qu’auparavant. Peut-être la présence de mon grand-père. « depuis quand es-tu ici ? » Il ne cille pas, me toise froidement. J’avais pourtant toujours eu l’impression d’être sa petite fille chérie. « depuis ton départ. »  Nous nous dirigeons ensuite vers le salon, je m’asseye sur un canapé en tissu ancien puis croise les jambes. Un domestique m’apporte un thé. Je prends la tasse, sirote le liquide chaud puis souris docilement aux membres de ma famille. « alors, ces voyages ? » Je lève les yeux vers mon père, passe une main dans mes cheveux. « intéressants. je n’en ai pas fais beaucoup, seulement la grèce, l’égypte et la france. » Mon grand-père passe un doigt sur sa moustache puis regarde mes parents. « quelqu’un va lui annoncer où allons nous nous embarrasser de civilités aussi futiles que celles-ci ? » J’arque un sourcil, me tient droite puis regarde tour à tour mes parents. « pour l’amour de dieu ! beaucoup de choses se sont produites depuis ton départ, et nous avons décidés qu’avec les récents évènements il était temps de te trouver un époux. » Je reste impassible, mais je commence à ressentir des nœuds dans l’estomac. Je ne veux pas me marier avec quelqu’un parce que mes parents l’ont choisi pour moi suite à une ancienne tradition. Surtout que maintenant.. je ne peux pas me résoudre à y penser. « et qui est l’heureux élu ? » Ma voix se veut chantante, mielleuse. Je plisse les lèvres, passe deux doigts sur mes sourcils comme pour les remettre en place et attend la réponse. « Aaron Rosier. » La voix de ma mère est suffisante, hautaine. Comme si il était trop bien pour moi. Ou peut-être le contraire. Je ferme les yeux et essaie de me rappeler qui il est. Le souvenir s’intensifie et je me rappelle dans les moindres détails son visage, et qui il est. Serpentard tout comme moi, de trois ans mon aîné. Il était à Poudlard en même temps que mon frère. Et il était l'élève que j'avais accompagné lors de l'un des bals organisés par l'école. Et celui avec qui j'avais forniqué dans un des placards de l'infirmerie. J'avais voulu éviter de faire ça dans une salle abandonnée comme avec l'une de mes nombreuses conquêtes, sûrement pour la proximité qu'imposait le placard. Je me lève et inspire. « très bien. organisez une repas de famille. avec sa famille et la notre. demain soir peut-être ? je dois me rendre au ministère pour les prévenir que je suis revenue de vacances. si vous voulez bien m’excusez. » Je ne jette pas un regard à mon père. Déçue qu’il ne se soit pas opposé à cette proposition et qu’il en soit d’ailleurs l’un des investigateurs. Je disparais en direction du QG de l’Ordre, décidé à voir un être cher. Mon plan se met finalement en place plus facilement que prévu. Mais il y a Aymeric. Et inéluctablement, je sais ce que je commence à ressentir pour lui. Et ça me fou les jetons, je ne peux pas me permettre de ressentir ça pour quelqu’un à l’heure actuelle. Pourtant, mon cerveau ne peut s’empêcher de me faire comprendre que je n’ai pas le choix. Que je.. « teddy ? » Je n’avais pas remis les pieds ici depuis l’attentat. J’avais fui directement après pour la france. Comme une lâche. Je me jette dans ses bras et le serre fort, comme si ma vie en dépendait. « je viens de rentrer.. teddy, je suis désolée. » Je n’ai pas besoin de préciser pourquoi je suis désolée, il le sait déjà. Et les souvenirs qui m’assaillent me le font tristement et douloureusement rappeler. Albus, Frank. Ils sont morts. Et j’ai fui. Alice.. je repense à elle. Et maintenant Aymeric, à qui je vais annoncer que je vais me fiancer. Mon cœur s’emballe, et je me serre un peu plus dans les bras de Teddy, tentant d’échapper à mes souvenirs et aux inconvénients de mon hypermnésie.

i feel my body falling deep
(megated)
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Il les haïssait. Tous. Ses parents tout d’abord, ces personnes qui lui ont donnés la vie pour en disparaître aussitôt. Il ne possédait aucun souvenir d’eux, même pas un sourire de sa mère ou le visage de son père. Rien de tout cela n’avait pu s’encrer dans son esprit, le bambin étant beaucoup trop jeune à l’époque. Ses grands-parents, ceux qui l’avaient élevé suite aux décès de ses géniteurs. Eux aussi étaient partit, laissant le jeune Ted seul une fois de plus. Son oncle Harry était la seule famille qui lui restait, ce dernier aussi l’avait abandonné. La vie du Lupin avait toujours été marquée par la mort, cette dernière s’abattant sur ses victimes, tous les proches du brun. Et à présent, elle lui avait retirée son meilleur ami, Albus. Oui, il les détestait. Ces gens qui avaient osés rentrer dans sa vie pour en disparaître brusquement. Ils ne faisaient que de le briser, lui arrachant le cœur petit à petit. Pourtant, le jeune homme s’était montré prudent. Durant de nombreuses années il s’était renfermé sur lui-même, la mort de ses parents lui étant amplement suffisante pour ne souhaiter s’attacher à personne d’autre. Mais non, il avait fallut qu’il n’en fasse qu’à sa tête, qu’on le pousse à s’ouvrir. Il regrettait à présent, jamais il n’aurait dû changer d’avis. Après tout, à quoi cela pouvait bien servir de s’attacher aux autres ? Ils finissent tous par vous lâcher un jour ou l’autre, c’est inévitable. La vie de Ted en était la preuve. Il s’était attaché et une fois de plus il se retrouvait seul. Seul. Ce mot était parfait pour le décrire.

Ce n’était plus rare de trouver le Lupin seul, dans l’ancienne demeure des Black, là où l’Ordre avait installé son QG il y a de ça de nombreuses années déjà. Lorsqu’Albus avait décidé de le refonder, à aucun moment il n’avait souhaité changer le lieu où les membres se retrouveraient. Aussi, depuis sa montée en grade, Ted appréciait rester seul ici. Lorsque des réunions étaient organisées, il était toujours présent quelques heures avant son commencement. Ça lui permettait de réfléchir, d’essayer d’oublier. Oublier. Malgré ses efforts il en était incapable. Il aurait voulut pourtant. Ce n’était pas la seul chose qu’il souhaitait, non. Du repos, il ne demandait que ça. Des cernes c’étaient creusées sous ses yeux, résultat de l’insomnie dont-il était à présent victime. Ses paupières closes, il pouvait voir le visage de son meilleur ami. Un frisson le parcourut en pensant à lui. Depuis la mort de ce dernier, Ted n’était plus le même. Une partie de lui c’était brisée, Albus était partit à jamais et avait emporté avec lui une part d’espoir de Lupin. Jamais, oh non, jamais plus il ne s’autorisera à s’attacher à qui que ce sois. Il avait assez donné, hors de question de sombrer un peu plus dans les profondeurs de la tristesse. Ted était persuadé que si un épouvantard venait à lui faire face, ce dernier prendrait désormais une terrible apparence. Le cadavre de son meilleur ami, mort il y a peu de temps. Même lui, il le haïssait. Lui aussi l’avait finalement abandonné. Un rire mauvais s’échappa des lèvres du jeune homme. Alors que tous deux étaient encore à Poudlard, Albus avait était le premier à le pousser à s’ouvrir aux autres, à ne pas avoir peur de s’attacher. Comment avait-il pu lui faire ça ? Il le laissait seul face à tous ces problèmes, ces dangers. Albus était l’une des personnes les plus importantes à ses yeux. La plus importante. Il avait besoins de lui. Seulement, plus jamais il n’aurait l’occasion de croiser son regard.

La porte se claqua en se refermant, faisant sursauter le brun qui se trouvait au centre du salon, face à la cheminée. Il fronça les sourcils, n’ayant aucune idée de qui pouvait bien être la personne qui venait d’entrer dans la demeure. Ted n’eut pas à attendre longtemps avant d’en avoir la réponse, la silhouette de Megara se dessinant devant lui, son visage éclairé par les flammes qui trônaient dans la cheminée. « Teddy ? » Meg. Il ne l’avait plus vu depuis l’annonce de la mort d’Albus. Elle avait disparu, complètement, sans prévenir et sans donner de nouvelles. Jusqu’à ce jour, il avait bien cru qu’elle aussi avait marchée dans leur pacte. Celui de l’abandonner les uns après les autres. Prit de court, ne s’attendant en aucun cas de la revoir, il ne réagit tout d’abord pas. Elle fonça dans ses bras et ce dernier mit plusieurs instants avant de poser la paume de sa main sur son dos pour la retenir. C’est lorsqu’il l’eut aux creux de ses bras qu’il se rendit compte que sa présence lui avait terriblement manquée. Il ferma les yeux quelques secondes, profitant de l’étreinte. Cependant, il ne la serra pas dans ses bras. « Megara. » Prononça-t-il, le ton de sa voix ne laissant apparaître aucun sentiment. Il devait dés maintenant s’éloigner des personnes qui comptait le plus pour lui. La brune en faisant partit. « Je viens de rentrer.. teddy, je suis désolée. » Il ne releva pas sa dernière phrase, le brun étant rancunier. Oui, il lui en voulait d’avoir fuit, d’être partit du jour au lendemain. Elle était une membre de l’Ordre, il avait besoins d’elle. Il avait longtemps considéré son départ comme une trahison, même si au fond, il l’a comprenait et aurait souhaité en faire de même. Partir, tout quitter, pour ne plus jamais revenir. Dans cet enfer qui prenait petit à petit place.

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(megated)
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Il n’était pas d’humeur pour d’heureuse retrouvailles, non, en aucun cas. Encore moins pour des embrassades et toutes ces choses futiles que font des amis de longue date ne s’étant pas revue depuis quelques temps. Non, il ne voulait rien de tout ça à l’instant présent. Il n’en voulait plus, à aucun moment désormais. Que ce soit de Megara ou de quelqu’un d’autre, il voulait s’éloigner de toutes ces personnes. Ted était certain qu’on finirait un jour par lui arracher également ces personnes, ça ne servait donc à rien de continuer à se rattacher à elles pour oublier la mort de son meilleur ami. Seulement, il n’y avait pas que cela qui l’empêchait de serrer la brune dans ses bras. Non, il y avait d’autre raison, beaucoup plus importante pour lui. Rancunier, il l’avait toujours été et avait toujours su le montrer. Sa fuite, il ne l’avait pas digéré et cela encore aujourd’hui. Elle avait beau être l’une des personnes la plus importante à ses yeux, il n’allait pas lui pardonner facilement cette preuve de lâcheté dont-elle avait fait preuve. C’est ainsi que ses sourcils se froncèrent lorsqu’elle put entendre ses remarques alors qu’elle venait de finalement se reculer. Abrégeant leur faible étreinte. « Ok, j’ai compris. Tu m’en veux. Mais tu ne dois pas être le seul, Alice aussi doit m’en vouloir, d’autres membres de l’ordre doivent m’en vouloir. Vous devriez faire un club peut-être ? » Elle avait un sacré culot, elle en avait toujours eu d’ailleurs. D’aussi loin qu’il la connaissait il l’avait toujours vu ainsi, directe. N’hésitant pas à le montrer lorsque quelque chose la contrarier. La distance qu’instaurer le jeune homme entre eux semblait être l’une d’elle. Meg n’était pas idiote, loin de là, elle avait bien vite remarquée que Ted n’était pas aussi réjouit. Son visage se crispa légèrement, le Lupin avait pu le remarquer. Sûrement devait-elle s’attendre à plus d’enthousiasme de sa part. Elle était sa meilleure amie, il était difficile pour lui de contenir ainsi son envie de la serrer contre lui et de lui murmure qu’il était heureux de la revoir. Mais la colère et la rancune compensaient. « Peut-être bien, ce n’est pas une mauvaise idée. » Commença-t-il d'un air provocateur, n’étant en aucun cas sérieux, ne relevant pas plus que cela la remarque de la brune. Il n’eut ainsi pas le temps de continuer que la jeune femme prenait de nouveau la parole. « Nous avons tous perdus quelqu’un dans cette bataille, toi et moi avons perdu Albus. Alice a perdu Frank. Je ne pense qu’on devrait éprouver de la rancœur pour l’un et l’autre. » Cette fois-ci, la colère sembla monter plus rapidement en lui, tellement qu’il dut garder un énorme contrôle sur lui-même pour que la couleur de ses cheveux ne vire pas au rouge. Il en était souvent le cas lorsqu’il était énervé ainsi. Comment pouvait-elle dire tout cela et lui rappeler la mort d’Albus ? Cet évènement qu’il essayait pourtant d’oublier. En vain. « Je pense même qu’on devrait s’entraider... et que tu pourrais commencer par me dire ce que tu penses de mon idée de vengeance ? » Il ne releva tout d’abord pas cette dernière phrase, les mots lui venant subitement en bouche. Et cela lui brûlait les lèvres, il fallait que ça sorte. « A quoi tu t’attendais, sérieusement ? » Lui demanda-t-il sans bouger, restant toujours droit à la même place. Il se contentait de l’observer marcher dans la pièce, à tourner en rond. « Tu t’es enfuis, comme une lâche. Tu nous as abandonnée alors qu’on avait besoins de toi. » Il ne pesait pas ses mots, non. Depuis son départ il les avait longuement répétés dans son esprit. « J’avais besoins de toi. » La mort d’Albus avait particulièrement affecté le brun qui ne l’acceptait toujours pas. En aucun cas il n’était encore retourné devant la tombe de son meilleur ami depuis son enterrement. Pour lui, il n’était pas mort, ce n’était pas possible. Chaque jour il s’attendait à le voir débouler, brusquement en venant de nulle part. Mais plus jamais cela n’arriverait. « Alors oui, je t’en veux. Tu m’as déçu Megara. » Il passa finalement une main sur son visage, tâchant de se calmer. Il n’avait aucune idée de si ses cheveux avaient finalement changés de couleur et il s’en fichait à vrai dire. Ce n’était qu’un ridicule détail à côté de tout ce qu’il vivait actuellement. Après tout ces évènements qui s’étaient produit. Puis, les dernières paroles de la jeune femme lui revinrent en tête, faisant alors plisser légèrement les yeux de Ted. « Quel plan ? » Cela n’annonçait rien de bon, il en était certain. A vrai dire, on ne savait vraiment à quoi s’attendre avec Megara, elle était toujours aussi imprévisible.