« promets-moi juste que tu reviens vite, albus. » Il me regarde, me sourit puis passe sa main sur ma joue. « promis. » . Je me réveille en sursaut, de la sueur collant mon front. Je fais ce rêve depuis l’attentat, revoyant la scène encore et encore. Comme si elle était placée en mode repeat. Le jour s’est déjà levé, il perce à travers mes volets. Je vais bientôt reprendre le travail, après demain je crois. Mon chef de brigade ayant été obligé de me reprendre, suite à ma demande. J’ai le pressentiment que ça ne va pas être de tout repos. Aslander ne semble pas être un gentil, niais et compréhensif chef de brigade. Il ne sait pas face à qui il se trouve. Je passe une main dans mes cheveux et me lève. Mes pieds se posent sur le parquet rosé de ma chambre. Elle n’a pas changé depuis mon départ. Mon bureau en bois blanc est toujours à la même place, nettoyé par ma gouvernante. Ma commode est toujours remplie des bijoux que je n’avais pas jugés bon d’emporter avec moi lors de mon entrée dans l’Ordre. Mon dressing est toujours rempli d’innombrables robes que je ne porterais sûrement plus. Je fais craquer ma mâchoire, puis me dirige vers la salle de bain. La journée va être longue et sûrement pénible. Mon seul réconfort est de savoir que je rends visite à Aymeric. L’eau commence à couler sur mon corps. « je suis megara nott. mais mes amis m’appellent meg. » Il m’avait regardé avec ses yeux d’un bleu océan. Et j’avais commencé à ressentir des papillons dans le bas de mon ventre. J’avais bien entendu compris que mon cerveau s’était remplit de phényléthylamine. L’hormone de l’amour. « aymeric. aymeric callaghan. » Et je lui avais souri. « et tes amis t’appellent comment ? laisse moi deviner. » J’avais placé un doigt sur mes lèvres, feintant la réflexion. « hottie boy ? » Et j’avais échangé un sourire complice et malicieux avec lui. Je sors de ma douche, me sèche rapidement puis me dirige vers mon dressing. Je n’ai rien envie de mettre. Etrange, quand on sait que j’étais la fashionista de l’Ordre. Je le pense. J’opte finalement pour une robe moulante noire et mes talons hauts fétiches. J’enfile ensuite quelques bijoux et attrape ma baguette. « où comptes-tu te rendre ? » Je m’arrête devant les escaliers et me retourne lentement vers ma mère. Désagréable question. J’avais complètement oublié la façon dont les gens pouvaient dépendre de moi, ici, mes parents. « je ne m’évade pas pour un autre pays, si telle est la question. » Je la regarde dans les yeux, et je m’aperçois qu’elle me regarde de haut en bas. Cette tenue est pourtant bien plus décente que certaines autres que j’ai portés dans le passé. Je tourne sur moi-même puis m’arrête. « quelque chose à ajouter ? » Elle me regarde, lève légèrement la tête. Elle sait que notre animosité n’a pas disparu en même temps que mon retour au manoir. Je ressens une haine profonde envers elle. « soit-là pour dix neuf heures, nous devrons aller diner avec la famille rosier. ta future belle-famille. » Elle n’avait pas besoin d’ajouter sa dernière phrase, je l’avais déjà deviné. Je lui souris, d’un sourire narquois. « je serais là. » Je descends ensuite les escaliers et transplane pour un quartier de Londres. Mon cœur se met à battre plus vite. J’essaie de ne pas penser à Aaron, mon repas de ce soir avec lui. Et ma famille. Je sais que j’ai fait une erreur en acceptant ce mariage arrangé, parce que mon cœur bat pour quelqu’un d’autre. Aymeric. Je me rappelle de la façon dont nos lèvres s’étaient touchées lors de l’une de nos missions, de la façon dont j’avais mordillé sa lèvre inférieure et de la façon dont nous nous étions quittés comme si rien de tout ça ne s’était produit. J’avance lentement mais avec assurance, monte les escaliers puis m’arrête devant une porte. Je lève ma main, m’apprête à toquer mais me ravise. Et s’il ne veut pas me voir. Cette éventualité s’impose d’elle-même. Je l’ai forcé à revenir en Angleterre en même temps que moi, et sans mots dire, je ne lui ai pas donné de nouvelles. Certes, seulement durant un jour. Mais peut-être un jour de trop. Clairement un jour de trop. Je fais volte-face et m’approche des escaliers, avant de m’asseoir sur une marche. Qu’est-ce que je comptais faire de toute façon ? Lui dire que j’allais me fiancé, et attendre sa réaction ? Il n’essaierait pas de me retenir. Je l’avais bien compris. Je n’étais sûrement qu’une distraction, ou une amie. Mais la façon dont il me regardait ne trompait pas. J’inspire profondément et me relève, manquant de tomber. Je retiens un rire nerveux. Je passe une main dans mes cheveux, regarde la bague en saphir que retient mon annulaire puis me décide à toquer. Une, deux, trois.. Les secondes passent puis la porte s’ouvre. Et je tombe nez à nez avec Aymeric, torse nu. Des tas de scénarios s’imposent à moi, plus sentimentalement destructeurs que d’autres. Et j’espère que je ne suis simplement qu’en train de me faire des idées. Parce que l’évidence est frappante. Je suis inéluctablement et irrévocablement amoureuse de lui. « je dérange peut-être ? »

Ma raison m’avait crié de fuir, de ne pas venir frapper à sa porte. J’avais préféré suivre mon cœur encore une fois. Tandis que ma raison me criait d’épouser Aaron et de faire bonne figure ce soir, mon cœur lui, me sommait de faire tout mon possible pour profiter du temps qu’il me restait avec Aymeric. Et m’enfuir avec lui. Le faire ? Je n’en étais pas capable. Pas maintenant que j’avais retrouvé Ted, pas maintenant que j’avais retrouvé ma famille et qu’une part de moi m’indiquait que j’allais bientôt pouvoir la contrôler, lui donner un nouveau jour. Et pas maintenant alors qu’Albus était décédé. « serait-ce de la jalousie que je perçois dans votre ton, mademoiselle nott ? » Je ne peux m’empêcher de sourire lorsqu’il sourit. Et j’imagine que nous devons avoir l’air de deux idiots, deux idiots qui savent bien trop bien ce qu’ils sont en train de faire. J’entre à sa suite, le frôlant légèrement et faisant bouger mes cheveux d’une façon toute aussi légère à chacun de mes pas. « comme tu peux le voir, il n'y a personne d'autre que moi ici. » Je vérifie pourtant, écoutant le moindre bruit, photographiant son appartement dans ma mémoire. Et je me dis qu’aux moindres sous-vêtements féminins visibles, je file. En lui annonçant par la même occasion que je suis promise à quelqu’un. Je me demande quelle sera sa réaction. Je ne veux pas qu’il soit content pour moi. Même si cela rendrait les choses plus faciles. Je l’entends s’approcher mais ne me retourne pas. Je peux le sentir, à moins d’un mètre de moi. Je sens son souffle, sa présence, et la chaleur que dégage son corps. Et je ne peux m’empêcher de penser à notre baiser. Et à l’irrésistible envie de recommencer. Je me mordille la lèvre inférieure puis passe une main dans mes cheveux. Je me retourne ensuite vers lui, et me rend compte que la proximité entre nos deux corps est bien plus exiguë que je ne l’avais pensé aux premiers abords. Je plonge mon regard dans le sien, me perds dans ses yeux d’un bleu intense et inspire lentement. Je me mordille la lèvre, puis approche mon visage de son oreille. Mes mains bougent d’elles-mêmes et l’une d’elles se pose sur sa serviette. Mes lèvres meurent de se poser sur les siennes, mais je résiste. Parce que ma raison me pousse à me retenir. La tentation est intense. Mais je ne m’y résous pas. « j’ai soif, quelque chose à me proposer ? » Je me recule, mordille de nouveau ma lèvre puis passe une main dans mes cheveux avant de me diriger vers son canapé, m’asseoir et attendre qu’il m’apporte quelque chose à boire. « de l’eau de préférence. » Je ne tiens pas à prendre de l’alcool et à devenir saoule en sa présence. Impossible. Et je ne tiens pas à me pointer au repas le soir, sans savoir marcher droit – déjà que je ne marche pas vraiment droit – et avec une odeur d’alcool. Je croise les jambes, pose mon sac à main près de moi. « merci. » Je lui souris, le regarde s’asseoir près de moi. « mes parents ont été heureux de me revoir hier. aussi heureux qu’ils pouvaient l’être. » Je tourne autour du pot. Je ne sais pas encore comment lui annoncer ça, comment lui dire que je vais me fiancer et que je l’aime. Parce que je ne lui ai jamais dit, et pourtant, mes lèvres brûlent de lui annoncer. De lui faire savoir qu’il est ma lumière face à tous ces ténèbres. Mes lèvres brûlent de lui faire autre chose aussi. « je n’ai pas vu mon frère par contre. je n’avais pas réellement envie de le voir de toute façon. » Je continue, commençant à jouer avec mes doigts et mon verre. « j’ai été voir ted aussi. » Et maintenant je viens te voir toi. Parce que je ne fais que penser à toi depuis que nous nous sommes quittés. Je repasse une main dans mes cheveux puis attrape sa main. Je commence à jouer avec ses doigts, puis mon regard se plonge dans le sien. Et j’approche mon visage du sien. Mon cœur se met à battre plus rapidement, comme s’il souhaitait sortir de ma cage thoracique. Des papillons commencent à frétiller dans mon bas ventre, mon souffle s’accélère. Et je cède à la tentation. Mes lèvres se pressent contre les siennes, ma langue se noue avec la sienne. Et mon corps bouge de lui-même, pour se mettre à califourchon sur lui. Mais ma raison brise cette proximité. « mes parents veulent me fiancer. et je rencontre ce sorcier ce soir. » J’avais toujours été douée pour détruire les moments comme ceux-ci. Je lève les yeux au ciel, tentant de contrôler les larmes qui perlent. Je regrette de lui avoir dit, de m’être laissée aller. Mais je devais le faire. Et dans un murmure, un souffle, je lâche une autre bombe. « mais tu es celui que j'aime. »