Tu étais assise sur l’un des sièges de ton compartiment, tu regardais tes parents à travers ta fenêtre. Ils étaient tellement fiers de toi, de vous deux. Appuyée contre la vitre tu observais tous ces parents qui disaient au revoir à leurs enfants. La foule s’était vidée depuis que la première alarme avait sonné. C’était l’heure. Dans quelques heures, nous serons dans le légendaire hall de Poudlard à attendre d’être répartie. Car tout le monde le savait, la maison choisie par le Choixpeau détermine son avenir. Ton père aussi courageux était-il avait été envoyé à Gryffondor, tes grands-parents étaient également dans cette maison. Et tu rêvais d’y entrer, mais tu doutais de toi et de tes capacités. Tu avais peur de ne pas avoir les qualités requises pour rejoindre les lions. Tu étais effrayée à l’idée de décevoir tes parents et te retrouver dans une maison peu recommandable comme Serpentard. Le voyage t’avait fatigué. Tu n’avais pas réussi à t’endormir, te reposer. Ton estomac se nouait et l’angoisse prenait le dessus sur toi. Tu marchais derrière ton frère, scrutant tout autour de toi le château. Une fille que tu avais rencontrée dans le train était un peu plus reculée, elle t’avait incroyablement agacé durant tout le voyage. Elle se vantait de connaître Poudlard comme sa poche. Tu n’aimais pas les vantardes, elle aurait dû rester dans le train avec son livre puisque son esprit d’aventure ne se résume qu’à ça. Tu t’arrêtas au pied du grand escalier, juste en face de la grande salle. Tu admirais la décoration alors que tu t’avançais au milieu de l’allée centrale où les quatre tables étaient positionnées de manière à regarder la longue table du personnel. Ton père t’avait expliqué des centaines de fois la procédure de répartition, tu la connaissais par cœur mais ton cœur était serré. Les élèves passaient au fur et à mesure, et ce fut le tour de ton frère. Tu n’avais aucun doute à son égard, il serait envoyé à Gryffondor. Ce fut le cas. On l’applaudit et les Gryffondor l’accueillirent à leur table. « Alice Londubat. » avait annoncé le professeur qui annonçait les élèves. Tu as pris une grande inspiration silencieuse et tu t’es avancée jusqu’au tabouret. Tu as jeté un coup d’œil discret à ton père qui était assis à la grande table en tant que professeur de botanique. On a posé le Choixpeau sur ta tête et tu as fermé les yeux. Tu priais pour que ce soit rapide. Ce ne fut pas le cas. « Hm.. Alors comme ça il y a un autre Londubat. Je vois en toi une grande perspicacité, tu seras une brillante sorcière. Peut-être que les Serdaigle t’aideront à développer ce potentiel. Mais je vois en toi ta loyauté et ta compassion. Ta place sera peut-être chez les Poufsouffle après tout. Ton cœur est grand et ton courage n’a pas de limite. J’ai décidé ! Ce sera : GRYFFONDOR ! » Un soupire de soulagement s’échappa de ta bouche. Le cauchemar était terminé. Durant les sept prochaines années, tu mangeras à la table des lions, tu coucheras dans leur tanière et tu seras près de ton frère.

Sept années s’étaient écoulées. Tu avais du mal à croire que ta scolarité à Poudlard était terminée. Tu avais vécu tellement de choses, des rires comme des pleures. Tu as rencontré des gens inoubliables et des gens détestables. Mais tu ne regrettes rien. Absolument rien. A présent, tu devais choisir ta voie. Tu savais déjà ce que tu voulais faire, tu voulais devenir auror. Comme tes grands-parents et comme beaucoup de tes connaissances. L’avantage était que tu n’étais pas seule à vouloir faire ce métier. Tu savais que tu n’entamerais pas cette formation seule. Trois ans c’était long, le mieux était d’être entouré. Mais c’est passé. Après trois ans de formation, tu as passé tes tests hauts la main de la même manière dont tu as passé tes ASPICs. Avec excellence. Tu étais auror maintenant. Un auror performant et accompli. Depuis déjà deux ans tu chassais les mages noirs, tu les traquais et les enfermais à Azkaban. Tu commençais d’ores et déjà à te forger une petite réputation. Tu essayais avec mal d’arriver à la cheville de tes grands-parents. Tu voulais les honorer. Tu étais parfaitement heureuse dans ta parfaite petite vie. Mais un problème se posa, un gros problème. « Harry Potter est mort ! Assassiné par son fils James Potter ! La paix est-elle menacée ?! » Harry Potter était mort. Un ami de ton père, un ami de ta famille. Tu avais grandi avec ses enfants à Poudlard, ça ne pouvait pas être vrai. James ne pouvait pas tuer son père. Il était du genre rancunier mais pas au point d’assassiner son père de sang froid. Tu avais pleuré, tellement. Voir ton père dans cet état ne te réconfortait pas. Ton frère…c’était pire. Et pourtant, tu gardais ton sang froid. Ta famille frétillait, c’était ton rôle de garder la tête sur les épaules et les aider à surmonter cette épreuve. Au fond de toi, tu te sentais aussi mal qu’eux mais tu n’osais pas pleurer.

« As-tu perdu la tête ?! » Tu entrais en trombe dans l’appartement de ton frère. Tu possédais le double des clefs et c’était très pratique pour ce genre de situation.  Tu ne faisais même pas attention à son colocataire, Scorpius Malfoy. Tu le regardais dans les yeux, le visage pâle. Tu n’arrivais pas à croire qu’il avait fait une chose aussi stupide. « As-tu perdu la tête ?! » Répétais-tu avec un timbre de voix plus imposant. Tu attendais une réponse de sa part et tu espérais qu’elle soit constructive. « De quoi tu parles, sœurette ? » Répondait-il, sans réellement comprendre le début de cette conversation. Tu fronças les sourcils et les traits de ton visage durcissent. « Je parle de toi rejoignant l’Ordre du Phoenix !  T’es stupide ou t’es stupide ? » Il te regarda avec un regard effroyablement sérieux comme si pour la première fois de sa vie, quelque chose lui tenait à cœur. « Je ne suis pas stupide Alice. Je sais ce que je fais. » « Tu vas te faire tuer ! Frank tu seras mort ! Et je refuse de te perdre ! » Exclamas-tu en lâchant tes premières larmes. Tu t’inquiétais beaucoup trop. Tu étais incapable de comprendre que Frank était un grand garçon et qu’il savait se défendre par lui-même. Tu le protégeais beaucoup trop. « Je peux comprendre que tu t’inquiètes pour moi, mais je suis un grand garçon, je sais prendre soin de moi-même. » Tu te retenais pour ne pas pleurer devant lui. Tu refusais de perdre quelqu’un d’autre. La mort d’Harry Potter t’avait beaucoup trop chagriné pour laisser ton frère rejoindre l’Ordre sans ciller. Tu t’es approchée lentement de lui jusqu’à que vous soyez blotti l’un contre l’autre. Dans un dernier murmure, tu échappas « Je ne laisserais rien t’arriver. Je te le promets. » en fermant les yeux. Tu t’étais promis à toi-même que tu ne laisserais personne toucher à ton frère. Tu venais de rejoindre l’Ordre du Phoenix pour ne pas faillir à ta promesse.