Elle était là, cette sensation qui vous prend aux trippes, cette impression d’être observé des pieds à la tête, ce sentiment dérangeant d’être espionné de l’intérieur. Drago était au ministère, comme à son habitude, quand cette attaque arriva. Il traversait le grand hall pour se rendre à l’ascenseur et accéder à son département avant que ce froid ne le givre sur place. Drago regarda autour de lui, méfiant. Qui essayait de rentrer dans sa tête ? Il y avait des dizaines, voir des centaines, d’employés aux alentours, telle l’heure de pointe dans ces stupides transports moldus dont on entendait tant parler en marchant dans la rue. C’était impossible de trouver le coupable. Alors il fit le vide dans son esprit. Il ferma les yeux, en plein milieu du hall. Le vide. Il n’y avait plus personne autour de lui, il n’y avait plus rien. Il bloqua son esprit, laissant tout de même filtrer une ou deux pensées. Tu crois pouvoir m’avoir comme ça ? Tu crois pouvoir me manipuler ? Sais-tu seulement à qui tu as affaire ? Sais-tu seulement que si je découvre qui tu es, tu vas passer un sale quart d’heure ? Que si tu travailles là, tu devrais déjà être en train de faire tes cartons ? Je ne suis pas n’importe qui. Je suis Drago Malfoy. Tu peux aller jouer ailleurs. C’est alors que la connexion se coupa, il le sentit. Il fit craquer son cou, observant à nouveau les alentours d’un calme olympien. Il avait une réputation, il ne voulait pas attirer l’attention sur lui. Par merlin, qui était assez idiot pour tenter de lire l’esprit d’un occlumens expérimenté ? « Tout va bien, monsieur Malfoy ? » , demanda un employé du Ministère en passant. Il hocha tranquillement la tête, imperturbable, méfiant. Cherchant à couvrir ses arrières, c’était peut-être cet homme là qui avait tenté de pénétrer son âme. Mais alors qu’il le regarda s’éloigner, l’idiot fit une nouvelle tentative. N’avait-il pas encore compris que cette intrusion était des plus mal venues ? Drago n’allait pas se laisser distraire. Il était doué à ce jeu là. Et il n’aimait pas perdre. Cette personne, aussi maline pouvait-elle être, n’arriverait pas à obtenir la moindre information qu’il n’ait pas souhaité lui donner sur lui. Elle ne pouvait pas ne pas avoir remarqué qu’il était en train de la chercher. Soudain, son regard s’arrêta sur une jeune femme. Elle était en train de le regarder fixement. Mais son instinct lui dit que ce n’était pas elle.

Montre-toi, petit joueur. Si tu veux des informations sur moi, viens les chercher. Sois un vrai sorcier et assume donc tes actes. Drago sentit à nouveau la connexion faiblir. La legilimancie était une prouesse qui demandait beaucoup d’efforts et beaucoup de concentration. Dans un hall plein comme une fourmilière, c’était difficile de rester concentré plus de quelques minutes. Il tourna la tête et d’un coup, ça s’arrêta. « Amateur. » Drago Malefoy traversa le hall à grand pas vers la personne qui était en train de le fixer. Il avait pu lire la peur dans ses yeux au moment même où leurs regards s’étaient croisés. Cette personne, toute courageuse fut-elle, était en train d’essayer de fuir à petits pas en priant probablement pour que le directeur du département de contrôle et de régulation des créatures magiques, mais aussi juge au sein du magenmagot, ne l’ait pas vu. « Monsieur Johnson, n’est-ce pas ? » Le concerné se figea sur place et se retourna vers son supérieur. « Ne vous a-t-on pas appris que l’art de la legilimancie consiste à infiltrer l’esprit de sa victime discrètement ? Vous êtes sans doute au stade préliminaire de votre apprentissage, tout comme l’est votre carrière. » Un sourire narquois s’installa sur les lèvres de Malfoy. Après toutes ces années, ce sourire était toujours le même. Il avait seulement beaucoup plus de charisme qu’auparavant. Ce jeune homme était stagiaire dans son département, il devait être à peine plus âgé que Scorpius. A quoi jouait-il ? Il devait être inconscient. Ce n’était pas des manières, l’éducation de ce jeune homme était entièrement à refaire. « Vous êtes donc aussi doué que les rumeurs le disent, m’sieur. Je… » Drago leva la main et coupa instantanément la parole au jeune homme. Drago ne pouvait pas tolérer un tel comportement au sein du ministère, en tout cas, pas au sein de son département. « Veuillez vous adresser correctement à moi, c’est Monsieur Malfoy. Votre responsable entendra parler de vos petites expérimentations. Comme je vous l’ai dit, préparez vos cartons. » « Mais… » « Passez une bonne journée, monsieur Johnson. » Le pauvre venait de perdre son emploi, s’ajoutant à la liste de ses défauts qui faisaient probablement de sa vie un enfer. Il ne suffisait que de regarder ses cheveux, on aurait facilement pu le prendre pour un Weasley.