ONZE ANS, GARE DE KING'S CROSS.
Tu avais toujours admiré ton frère, James. Et le voir aller à sa première rentrée scolaire à Poudlard sans ciller et craindre la cérémonie de répartition t'avait impressionné et inquiété, comme si cela était plus une nécessité qu'autre chose. Mais tu avais repoussé cette idée absurde à l'époque, et ce n'est pas comme si tu n'avais pas déjà d'autres préoccupations. Les mains moites, le coeur battant à cent à l'heure et la boule au ventre, tu n'allais pas embrasser pour la première fois une fille, mais bien faire ta première rentrée à l'école de magie dont on t'a tellement parlé depuis que tu es petit et dont tu as toujours rêvé. Alors quand tu arrives dans la gare moldue, et plus précisément devant ce mur menant tout droit à la voie 9 3/4 qui t'emmènera à cette école, tu ne peux t'empêcher d'éprouver un peu de panique, ce qui n'échappe pas à ta mère qui t'encourage du regard. Quand James est passé, tu diriges ton chariot et en fermant les yeux, comme te l'a conseillé ta mère, tu cours, sans penser qu'il est improbable de ne pas se prendre un mur. Et quand tu rouvres les yeux, tu restes quelques secondes bouche bée, comme à chaque fois que tu viens dans cet endroit. Sauf que cette fois, tu pars aussi dans ce train. Retrouvant ton frère alors que les autres membres de la famille ne devraient plus tarder, tu te rends compte qu'il examine d'un air absent la gare jusqu'à ce que ces yeux se posent sur toi. Alors, tu vois un sourire moqueur se dessiner sur son visage, et tu devines qu'il va rendre ta rentrée particulièrement pénible.
« Alors, qu'est ce qui te préoccupe comme ça, Al ? » demanda James, conscient que son frère avait peur de finir à Serpentard, avant de continuer.
« Tu as peur d'aller rejoindre les rangs de Salazar Serpentard, hein ? » Furieux qu'il t'embête ainsi alors que tu ne l'avais pas embêté à sa première rentrée, tu te renfrognes aussitôt et décide d'ignorer ton frère, qui éclate de rire en voyant ta réaction. Ce genre de moments devient rare en ce moment, et le voir rire comme ça te fait réaliser combien cela te manque de le voir comme ça. Alors que tu regardes passer des élèves devant toi, tu sens James se rapprocher.
« Non sérieusement, Serpentard n'est pas mal d'après ce qu'on dit. Un peu froid et humide, mais bien. » C'est apparemment plus fort que James, il ne peut s'empêcher de te taquiner. Pourtant, la façon dont il le dit te laisse penser qu'il est plus que moqueur, et que tu peux percevoir de l'ironie dans sa voix, comme si il aurait voulu aller à Serpentard au fond. Chassant ses pensées rapidement, tu tournes la tête vers tes parents et Lily qui viennent de faire leur apparition à la gare. N'oubliant pas ton frère qui devait prendre ton silence pour de l'approbation, tu fronces les sourcils.
« Je n'irais pas à Serpentard ! » Bien sûr, au fond de toi, tu sais pertinemment que tu peux aller dans cette maison et que tu iras quand même. C'est le conseil de ton père qui t'aidera juste après.
QUATORZE ANS, POUDLARD.
« La pauvre Amalya. Qu'est ce que tu comptes faire ? Éclater en sanglots ? Appeler ta maman ? » Cette supplique ne manque pas de te faire rire. Jaune. Si être avachi sur la pelouse verdoyante de Poudlard avec un livre sur le nez n'est pas assez clair pour la personne venant de proférer ses menaces, tu comptais bien le lui faire comprendre. Ôtant ce dit bouquin à la noix de ton visage, tu remarques alors sans surprise qu'une bande de filles s'est attroupée autour d'une jolie rouquine à la réputation déjà bien bâtie. Tout le monde la prend pour bouc émissaire, et cela a le don de t'agacer même si jusque là, tu n'as jamais vraiment fait quelque chose en sa faveur. Poussant un soupir, tu te lèves brusquement, réveillant au passage Scorpius, avachi à côté de toi. Il ne lui faut qu'un regard pour comprendre et se rendormir. Souriant légèrement, plus tu t'avançais vers ledit groupe, plus ce sourire disparaissait de ton visage. Tu savais très bien que la meneuse était une garce, et même si elle était à Poufsouffle, elle ressemblait beaucoup à une fille de ta maison, Serpentard. Si la situation t'exaspérait, elle t'amusait aussi beaucoup. Préférant t'arrêter et appuyer ton épaule à un arbre tout proche du groupe pour savoir où tu mettais les pieds, ce que tu perçus te fis sortit immédiatement de tes gonds.
« On a perdu sa langue, Finnigan ? Pourtant d'après beaucoup de garçons, tu sais très bien l'utiliser. A merveille même. » Tu devines aisément qu'elle n'est pas aller plus loin cette rouquine, juste au regard. Tout le contraire de cette Saddie quelque chose qui a fait quasiment tout le tour de Poudlard. Croisant les bras, tu éclates de rire afin d'attirer toute l'attention sur toi. L'attitude de l'élève de Poufsouffle changeant si vite que tu aurais presque parier qu'elle serait tomber dans les pommes dans d'autres circonstances.
« Albus .. » commença-t-elle d'une voix d’outre-tombe. Bien sûr, tu ne lui laissa même pas le temps de trouver une excuse bidon afin d'essayer de rattraper le coup avec toi. Tu sais que tu es sur sa liste, comme beaucoup d'autres jeunes femmes. Mais tout cela ne t'intéresse pas. Si ce n'est pas pour ton nom, c'est parce que tu es à Serpentard, ami avec Scorpius Malfoy ou tout simplement joueur de quidditch. Tellement de raisons qui ne te donnent aucune envie de faire confiance à la gent féminine. Arquant les sourcils, tu t'avances un peu, abandonnant ta posture auparavant décontractée, tu te veux menaçant.
« Saddie ? Ce n'est pas toi qui t'es tapée presque tout Poudlard depuis que tu es scolarisée ici ? Je ne me trompe pas ? Alors va donc draguer un jeune homme sans défense, tu seras gentille. Et puis laissez cette élève tranquille, elle ne vous a rien fait. » Tu souris avec satisfaction quand tu vois toute la bande partir, terrifiée. Remarquant alors que la rouquine était recroquevillée par terre, tu lui tends la main et t'empresses de l'aider à se relever. Son innocence apparente te fait gentiment sourire, même si c'est presque utopique.
« Tu t'appelles ? » Sa gêne et sa maladresse te plaisent immédiatement et avant même que tu ne t'en rendes compte, elle a filé tout en murmurant son prénom.
« Deirdre. » DIX-SEPT ANS, POUDLARD
« Sérieusement Al', tu devrais songer à te trouver quelqu'un. » Posant ton regard sur ton ami, tu lèves les yeux au ciel. C'est facile pour lui de dire ça puisqu'il est potentiellement attiré par une fille en particulier, et qui n'est pas comme toutes les autres dindes de Poudlard. Rose est quelqu'un d'admirable et de génial. Pour toi, c'est plus compliqué, justement parce que tu ne l'as pas rencontré encore, ta Rose.
« C'est facile de dire ça. Tu sais très bien ce que je pense des filles de Poudlard. » Tu sais que tu as répondu correctement puisque Scorpius à l'air de se résigner à ton statut de célibataire endurci. Tu devines que ça doit l'agacer de te voir comme ça, mais toi, ça te fait sourire de le voir comme ça. Devant l'absence de répartie de ton ami, tu t'étires et regarde en direction du professeur d'histoire de la magie qui continue de débiter un flot de paroles continu et soporifique sans se soucier des élèves qui dorment. La fin du cours tant espérée se fait attendre et tu es d'ailleurs l'un des premiers à sortir de la salle avec Scorpius. Alors même que Rose débarque dans le couloir et ne manque pas de te saluer, tu soupires devant le manque de subtilité dans l'attitude de Scorpius. Préférant les laisser tous les deux, tu t'esquives avec un sourire entendu et va traîner dans les couloirs. Au bout d'un certain temps, une voix familière s'élève dans le brouhaha général, créant aussi sec un silence de mort.
« Espèce de peste ! De quel droit me parles-tu comme ça ?! » Le tableau qui se dessine sous tes yeux ne manque pas de te faire rire tellement c'est ironique. La flamboyante Deirdre rendant ses comptes avec Saddie qui l'a prise pour son souffre-douleur personnel pendant des année. Son rire moqueur résonne encore à tes oreilles.
« Je te parle comme je veux ! De quel droit oses-tu t'en prendre encore à quelqu'un comme si tout t'était du et que tu pouvais faire ce que tu voulais à qui tu voulais ? » Bien envoyé. En tant que spectateur privilégié puisqu'au premier rang, tu t'empresses de te baisser alors qu'un sort jaillit de la baguette de Saddie. Alors que des élèves commencent à s'agiter en criant que c'est la fin du monde, tu sors ta propre baguette et t’apprêtes à jeter un stupefix à cette peste quand tu te fais devancer par Deirdre. Étonné d'être si lent que ça, tu lèves les yeux au ciel quand tu entends la délicieuse voix d'un professeur s'élever.
« Potter. Finnigan. Dans le bureau du directeur. Maintenant ! » Non avec un sourire amusé, tu suis la Serdaigle jusqu'au fameux bureau. Bureau où vous passerez presque trois quarts d'heure à vous faire enguirlander comme il faut et à entendre les proliférations débordantes d'imagination du professeur qui vous a amené ici. Quand ils vous font enfin sortir, tu soupires, bienheureux d'en avoir finit avec ça.
« Joli coup, Finnigan. » finis-tu par dire à ta collègue de retenue pour les prochaine semaines qui se contente de lever les yeux au ciel. Tout à fait guilleret par ce moment qui a rendu beaucoup plus intéressante ta journée, tu remarques que la jeune femme ne semble pas de cet avis.
« Je t'ai vexé peut-être ? Comment pourrais-je me faire pardonner ? » Tu blagues, et elle le sait, ce qui l'a met en furie.
« Espèce d'idiot ! Je ne me vexerais jamais pour si peu, et surtout pour toi. » Cette supplique piquante te fait gentiment sourire, et avant même que tu ne puisses répondre, elle sort de l'ascenseur et disparaît à l'angle d'un couloir. Sortant à ton tour, tu constates que Scorpius t'attend à la sortie, les bras croisés et un sourire hilare.
« Alors comme ça tu aurais été pris les mains dans le sac avec une jolie demoiselle ? » Ne comprenant pas cette allusion, tu devines rapidement que ton ami cherche à te taquiner, et encore au sujet de ton célibat actuel. Marchant à ses côtés jusqu'aux cachots où se trouve la salle commune de Serpentard, tu restes silencieux tout en repassant toute la scène dans ton esprit. Ton ami s'en rend bien compte puisqu'il finit par te demander pourquoi.
« Elle t'a retourné le cerveau ou tu es simplement subjugué par sa beauté incandescente ? » dit-il en rigolant. Sérieux pour la première fois de ta vie, tu regardes Scorpius avec un air ahuri.
« Je crois bien qu'elle me plaît. »VINGT-DEUX ANS, APPARTEMENT DE DEIRDRE FINNIGAN, LONDRES
Tu ne sais pas encore si tout ce que tu as est vrai. Des collègues aurors arrivant en masse chez toi, des sorciers médicomages arrivant pour voir si il y avait encore un peu d'espoir, puis emportant le corps loin d'ici. Ta mère et ta soeur effondrées, ne voulant pas croire ce que tu disais à propos de James tuant ton père. Le whisky pur feu avait finit par être ton précieux allié en cette journée macabre. Au moins, tu arrivais à oublier un tant soit peu ce qui était arrivé. Marchant sans réel but dans les rues désertes de Londres, sans conviction et le coeur brisé, tu ne reconnus même pas la jeune femme qui t'héla et qui te ramena chez elle. Tu t'en fous après tout. Tout est noir, tout est sans vie et aussi sombre que la lueur dans le regard de James quand tu l'as vu la dernière fois. Désormais assis après avoir titubé longuement, ton regard se perd et se pose sur la jeune femme quand sa voix si familière s'élève.
« Qu'est ce qui s'est passé Albus ? Pourquoi es-tu dans cet état ? Puis cette rumeur sur ton père.. C'est vrai ? » commence-t-elle, avec l'espoir que tu ne serais pas assez ivre pour ne pas lui répondre. La panique s'empare rapidement d'elle d'après ce que tu comprends.
« Albus ! S'il te plaît ! » Comme inanimé, tu la vois se jeter à tes genoux en pressant ses mains autour de tes épaules, te secouant pour essayer de te ramener. Tu sais bien que ce n'est pas possible, pas maintenant. Alors comme si ta vie ne t'appartenait plus, tu la vois te faire coucher sur son lit, près d'elle, comme si elle avait peur que tu ne sois plus là l'instant d'après. Tu finis même par t'endormir, éliminant peu à peu l'alcool dans ton sang. Ce n'est que le cauchemar de ce que tu as vécu qui te réveille en pleine nuit, criant à pleins poumons, pleurant toutes les larmes que tu as en réserve. Étrangement, la jeune femme te prend dans ses bras au lieu de s'enfuir en courant devant toute cette douleur et cette folie. Ta voix est rauque et brisée.
« Il est mort ! Mon père est mort ! C'est James .. James ! » parviens-tu à dire avant de t'effondrer.
Scorpius,
Comme tu dois sûrement le savoir depuis quelques jours, mon père est mort. La rumeur s'est répandue si vite que je n'ai pas vraiment eu le temps de réaliser qu'il était parti. Évidemment, ne soit pas surpris si je viens te rendre visite prochainement puisque j'ai décidé de quitter la demeure familiale pour loger à Londres. Vivre là-bas m'y est insupportable, même après les rénovations et tous les efforts de ma mère pour que j'y reste, je ne peux pas. Tout le monde est bien sûr attristé par cette mort. Tu devrais envoyer une lettre à Rose, je suis sûre que cela lui ferait plaisir, elle était assez proche de mon père. Je vais avoir besoin de te parler sérieusement aussi, d'un sujet très sensible dont je ne peux pas te parler sur ce parchemin. Cela a un rapport direct avec James, mon frère, tu dois t'en douter.
J'espère te voir très bientôt, Albus.