«
Sansa-Rue qu'est-ce que tu.. » Myrcella s'interrompit lorsqu'elle ouvrit la porte de la chambre de sa vie pour la trouver vide. Si l'inquiétude aurait du s'emparer d'elle, cela commençait à être une habitude pour la jeune mère qui alla vérifier le jardin. En effet la petite fille y était bien, étalée dans la boue, l'air de rien. On voyait bien que ce n'était pas elle qui payait pour ses vêtements. Poussant un soupire exaspéré, Myrcella s'approcha de sa fille, les mains sur les hanches. «
Sansa, lève-toi immédiatement. » fit-elle calmement, mais sur un ton sans appel. Levant un regard paresseux vers sa mère la brunette ne bougea d'abord pas d'un poil. «
Sansa.. » siffla sa mère, menaçante. «
Oui? » fit l'enfant, insolente. «
Debout, avant que je m'énerve. » Poussant un soupir ennuyé, Sansa consentit à se lever, laissant sa mère voir l'ampleur des dégâts qu'elle avait causé à ses vêtements. «
T'es vraiment pas possible! T'es fière de toi, hein? À jouer dans la boue comme ça, alors que t'as des jouets parfaitement fonctionnels dans ta chambre! » La chambre de Sansa-Rue était en effet pleine de jouets meilleurs et plus chers les uns que les autres. Tous le choix de sa merveille de mère, qui savait tout mieux que tout le monde. Par principe, Sansa n'y touchait que rarement. On lui achetait un livre, elle préférait jouer de la musique, on lui donnait un jouet, elle préférait monter aux arbres, mais qu'on lui offre des cours de piano ou une escapade en forêt en famille et alors tout cela perdait tout son attrait. «
Vas te laver et plus vite que ça. » lança sa mère d'un ton sec devant son absence de réponse. Pour une fois Sansa s'exécuta non sans traîner des pieds. Elle trouverait bien un autre moyen d'agacer sa mère, après tout, le but n'était pas de se faire punir, chose qui n'arrivait d'ailleurs bien rarement sa mère ayant la main trop molle.
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Serrant le morceau de parchemin contre son cœur, la jeune fille poussa un soupir rêveur. Poudlard, la magie, tout ça avait l'air absolument merveilleux. Mieux encore, elle pourrait quitter cette maison, cette ville, cette vie même. Se refaire entièrement. Elle perdit un peu son sourire en se rappelant néanmoins la réaction de sa mère à la nouvelle. Loin d'être réellement surprise contrairement à son mari, Myrcella avait au contraire eu l'air, contente, fière. Parce que madame savait évidemment. Elle était au courant de l'existence de la magie et elle avait décidé de garder ça pour elle. Sansa-Rue n'en revenait pas de l'égoïsme de sa génitrice. Elle aurait pu lui dire, lui montrer! Et puis elle avait révélé autre chose une fois que l'homme du Ministère de la Magie avait quitté leur demeure, elle avait utilisé un mot, "cracmolle". Ca n'avait pas eu de sens pour la jeune fille, pas plus que, selon les apparences pour son père. Myrcella avait alors promis de leur expliquer plus en détail, plus tard. Sansa-Rue pouvait voir qu'elle était sur un petit nuage et ça l'agaçait énormément. On toqua alors à sa porte et elle reposa précipitamment le parchemin sur son bureau. «
Sansa-Rue? » C'était sa mère évidemment, la brunette se retourna pour lui faire face. «
Je voulais juste de dire que je suis très fière de toi. » En guise de réponse, la jeune fille se contenta de hocher vaguement la tête. Elle n'allait pas la remercier non plus. Néanmoins, elle était curieuse et il fallait bien qu'elle pose la question qui lui brûlait les lèvres depuis la veille. «
M'man c'est quoi une cracmolle? Tu nous as pas dit. » Elle cru voir le visage de sa mère se renfrogner un peu, tandis qu'elle s'asseyait sur son lit. «
Ah. Hum.. comment expliquer ça.. C'est une longue histoire.. » Elle ferma les yeux, comme pour se souvenir et piquée Sansa-Rue décida de s'asseoir à côté d'elle. Normalement elle interrompait toujours sa mère lui faisant comprendre que ce qu'elle lui disait ne l'intéressait que moyennement, mais là ce n'était pas le cas. Elle voulait savoir et elle écouterai jusqu'au bout. «
Tu sais que je suis née en Bulgarie. On a visité tes grands parents il y a deux ans, tu t'en souviens j'imagine. Si on y va pas plus souvent c'est parce que.. eh bien ils vivent dans un monde un peu différent. Et je ne parle pas que de différences de pays..La vérité c'est que.. toute ma famille est sorcière.. tous le monde l'est. Sauf.. eh bien moi. » Elle marqua une pause cherchant le regard de sa fille qui avait les sourcils levés si haut qu'on aurait pu penser qu'ils n'allaient pas tarder à disparaître dans la masse de ses cheveux. «
Je suis une cracmolle, ça veut dire que je viens d'une famille magique, mais que je n'ai pas de pouvoir. Ca arrive parfois.. » D'une main douce elle caressa les cheveux bruns de sa fille qui se laissa faire, l'esprit trop en ébullition pour la repousser. «
Ca peut sauter une génération.. comme c'est le cas avec nous puisque toi tu as hérité de pouvoirs magiques. » Elle esquissa un sourire ravi. Il n'y avait pas de doute quant au fait qu'elle vivait tout ça à travers sa fille, tout ce qu'elle-même n'avait pas pu avoir, tout ce qui l'avait poussé à quitter son environnement natal qui lui rappelait trop son échec pour chercher refuge au Royaume-Uni. «
Je ne connais pas très bien Poudlard, ton oncle et ta tante et mes parents avant eux étant allés à l'Institut Durmstrang, mais j'en ai entendu parlé… » Continua-t-elle, contenant à peine son excitation. «
Je pense que j'aurais fait une bonne Serdaigle » fit-elle rêveuse. «
Mais je ne te mets pas la pression hein! Tu iras où tu iras, ce sera bien dans tous les cas! » ajouta-elle précipitamment comme si sa fille aurait pu ne serait-ce que penser une seconde à vouloir aller à Serdaigle pour lui faire plaisir. Comme si sa fille l'écoutait. Trop obnubilée par ce qu'elle venait d'apprendre sur sa famille Sansa-Rue était perdue dans ses pensées et ne sortit de sa propre rêverie que lorsque sa mère la prit brusquement dans ses bras. Elle déposa même un baiser sur la joue de son unique enfant avant de lui souhaiter joyeusement la bonne nuit et de quitter la pièce. Machinalement Sansa essuya du plat de la main la trace humide que sa mère avait laissé sur son visage. Un sourire se dessina peu à peu sur ses lèvres, pour une raison qui lui échappait. La vérité c'était qu'elle était contente d'avoir réussi quelque chose que sa mère avait raté et ce même si ce n'était en rien son fait à elle.
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T'es moche. » «
Et toi t'es conne, mais je te le fais pas remarquer chaque fois que j'te vois. » rétorqua Sansa-Rue un mince sourire sur les lèvres. «
En même temps moi au moins c'est pas écris sur ma gueule. » «
Ca c'est toi qui le dit! » Et sur ces mots pleins d'amour, la brunette emboîta le pas de la Gryffondor à l'intérieur de la bibliothèque. Les deux adolescentes déposèrent leurs sacs pleins de livres sur une table un peu à l'écart des autres élèves apparemment là pour réviser leurs examens de fin d'année avant de se diriger vers des étagères habituellement plutôt délaissées. Elles, elles s'en moquaient, les B.U.S.E.S ne leur tomberaient dessus que l'année prochaine. Après un examen silencieux des rangées de livres exposées devant elles, elles attrapèrent chacune une demi-douzaine d'ouvrages qu'elles rapportèrent à leur table. L'histoire de la magie ne semblait pas passionnante. En tous cas la plupart de leurs camarades semblaient bien peu intéressés par cette matière. Les deux jeunes filles en revanche avaient ensemble développé un intérêt étrange et sans cesse renouvelé pour cette discipline qui assouvissaient plus que toute autre leur curiosité presque maladive. Motivée par la découverte des secrets de l'histoire de ce monde dont elle n'avait apprit l'existence qu'à l'âge de onze ans, Sansa-Rue avait depuis son arrivée à Poudlard épluché des centaines de livres en plus des lectures requises pour ses cours. Si elle adorait la magie en elle-même et les cours plus pratiques comme les sortilèges ou les potions, l'histoire était ce qui l'inspirait à devenir une grande sorcière. C'était la source de son ambition à Poudlard, elle voulait devenir une aussi grande sorcière que celles dont elle lisait les exploits. Mais si les deux amies s'étaient retrouvées ce jour-là ce n'était pas juste pour apprendre de nouveaux noms de grands sorciers. Non, elles s'étaient données une mission. À force de lectures elles avaient fini par reconnaître la marque ici et là dans les grands moments de l'Histoire d'une organisation inconnue. Rien n'indiquait que d'une période à l'autre il s'agissait du même groupuscule, mais les deux élèves avaient décidé d'en avoir le cœur net, intriguée par le peu d'informations que les livres avaient à leur procurer sur cette organisation. L'idée de peut-être découvrir un complot excitait plus que de raison la jeune fille avide de reconnaissance qu'était Sansa-Rue.
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Maman,
Oui j'ai bien reçu la robe que tu m'as envoyé, mais je doute qu'elle fasse l'affaire, j'avais bien dit que je voulais de la soie bon-sang c'est pas compliqué. Pour une fois
que je suis invitée quelque part de bien, forcément tu dois tout gâcher! Et puis je veux quelque chose d'argenté, pour faire référence à ma maison. Mais bon tu sais quoi? Envoie-moi l'argent ça ira plus vite, j'irai l'acheter à Pré-au-Lard lors de la prochaine sortie, ou bien je la commanderai. Je pense que 25 gallions feront l'affaire. Si ça à ça tu pouvais également ajouter 50 gallions ça serait cool. J'ai bien peur d'avoir utilisé tout mon argent de poche. En même temps vous me donnez autant que lorsque j'avais quatorze ans alors que j'ai beaucoup plus de besoins maintenant! Enfin tu ne le saurais pas toi, puisque tu n'es jamais allée à l'école sorcière..
Aussi je ne m'attarderai même pas sur ta question totalement indiscrète. Ce n'est pas parce que tu as rencontré papa super jeune et que tu as décidé de l'épouser parce que tu n'avais rien de mieux à faire que je vais faire pareil. J'ai un avenir moi.
Sur ce, j'attends ton prochain paquet avec impatience,
Bonnes fêtes et à l'année prochaine,
Sansa-Rue+++
«
T'es qu'une enflure! Dégage et que je te revois plus jamais! » Ravalant ses larmes, beaucoup trop fière pour montrer son émotion, elle poussa aussi violemment qu'elle le pouvait le jeune homme avant de tourner les talons, indifférente à ses appels. Quel lâche. Elle n'avait jamais été particulièrement courageuse, mais elle n'était pas aussi pourrie, aussi couarde que lui. Lui, trop attaché à sa famille, à sa réputation. Elle l'aurait bien tué, mais elle savait qu'une partie d'elle l'aurait regretté et elle se détestait pour cela. De toute façon la mort était un châtiment trop doux pour ce qu'il lui avait fait subir. Déjà, dans l'esprit de la jeune femme une idée commençait à prendre forme. Elle qui pourrait sauver sa peau, pour avoir la vie la plus tranquille possible aurait bien choisi le même camp que lui ou au moins une neutralité temporaire en attendant de rejoindre les gagnants de la guerre qui se profilait. Son rêve de rejoindre le cercle n'avait pas encore été exaucé et elle n'était pas dupe, ces heures passées à étudier l'histoire de la magie lui avaient appris de nombreuses choses et elle savait reconnaître les prémices d'une guerre quand elle en voyait. Mais puisqu'il l'abandonnait aussi lâchement, elle n'aurait de répit que lorsque lui et les siens seraient tous exterminés. Lui le dernier, afin qu'il puisse observer le carnage.