POUR CERTAINS, S’ACHARNER REND FORT, MAIS PARFOIS LÂCHER PRISE EST PRÉFÉRABLE.

Elle avait bien dormi cette nuit-là ! Trois jours qu’elle avait laissé Matt chez lui, pour le plus grand malheur de ce dernier, elle n’en doutait pas. Pourtant il savait à quoi se tenir. S’il y avait bien quelqu’un sur cette terre qui savait comment elle fonctionnait et qui pouvait anticiper ses réactions, c’était lui. Non seulement parce qu’il était son ex-petit-ami, sa plus longue relation –deux ans ce n’était pas rien, surtout pas pour Diane– et, soyons réalistes, l’un de ses seuls amis. C’était sans doute ce qui la poussait à lui faire confiance –et encore, c’était un grand mot– plus qu’aux autres. Et puis rien n’avait jamais été sérieux entre eux ! Leurs parties de jambes en l’air n’étaient en aucun cas un gage de sentiments de sa part. Il l’avait compris depuis le temps, forcément ! Sinon il ne l’aurait pas invitée à le suivre, il savait à quoi il se frottait. Ou alors il était naïf et légèrement benêt. Une nuit, peut être deux, pas plus. Avait-il pensé qu’elle lui accorderait une seconde chance ? Elle l’ignorait mais il aurait été bien bête. On ne changeait pas une Whittemore comme ça. Après réflexion, elle avait pensé un instant le rechercher, faire de lui un rendez-vous quotidien de détente. Un ami avec bénéfices comme la nouvelle génération disait parfois. Il fallait bien avouer qu’il était loin d’être laid, alors pourquoi se priver d’une gueule d’ange doublé d’un caractère bien sympathique une fois à son contact ? Elle avait réussi à s’insinuer dans quelques brèches de sa personnalité, s’installant dans sa vie sans trop l’avoir voulu. Pourtant lui briser le cœur –s’il l’avait vécu ainsi- n’avait jamais été son objectif principal. Elle quitta son appartement sans faire de bruit, de peur de réveiller le voisin, un vieux moldu ronchon qui râlait pour un rien, rejoignant le Ministère d’un pas tranquille mais rapide. Diane n’était pas du genre à être en retard. Mais pas forcément en avance non plus. Une sorcière qui se respecte est toujours à l’heure après tout ! Elle ne s’arrêta pas devant le bar moldu qui cachait l’entrée au Chemin de Traverse, hésitant un instant avant de prendre un autre chemin. Passer devant Gringott’s n’était sans doute pas une bonne idée pour le moment. Croiser Matt seulement trois jours après leur nouvelle « séparation » n’était pas une bonne idée non plus. Elle s’apprêta à dépasser le bâtiment lorsque la porte s’ouvrit à la volée, dévoilant un vieux sorcier au visage avachi. Malgré elle, Diane avait sursauté. Devenait-elle paranoïaque ? Tout ca à cause de Matt ! Depuis quand avait-elle peur de lui ? Non, elle n’avait pas peur de lui, elle n’avait aucune raison d’avoir peur d’un ancien camarade de classe. Elle avait toujours la  possibilité de faire jouer ses charmes sur le sorcier qui n’avait jamais su lui résister ! Toutefois elle préférait ne pas trop utiliser cette arme si ce n’était qu’un moyen de défense.

Toute sa journée se passa tranquillement, sans qu’on l’alerte qu’une tornade française approchait de son bureau. Elle fit un signe de la main à l’une de ses collègues, purement norvégienne, elle, avant de quitter son travail. La jeune femme n’aimait pas, mais alors pas du tout, utiliser la poudre de cheminette, préférant largement les ascenseurs, plus étroits mais moins dangereux pour son estomac de consistance fragile. Lorsqu’elle sortit enfin à l’air libre, le vent glacé lui fouettant le visage, elle se retrouva en plein dans le Londres moldu, grouillant de monde. Il faisait déjà nuit par cette saison d’hiver et elle ne pouvait pas distinguer les visages des gens à plus d’un mètre d’elle. Diane pinça les lèvres et se mit en route vers son appartement, priant pour ne pas faire de rencontres désobligeantes. Elle n’avait malheureusement pas que des amis dans la ville et une fois la nuit tombée elle se trouvait souvent obligée de garder sa baguette à portée de main pour se sentir un peu plus en sécurité. Des vieilles connaissances, d’éventuels complices de l’Ordre plus radicaux qui auraient voulu lui faire payer son appartenance à la Confrérie, il y avait l’embarras du choix. Mais ce qu’elle craignait le plus, c’était sans aucun doute Matthew. Parce qu’elle avait conscience de ce qu’elle lui infligeant, bien qu’elle ne ressente aucun remords à continuer et réitérer. Et plutôt cent fois qu’une ! Elle n’aurait su donner sa position quant à sa situation. D’un côté, elle avait bien envie de revoir Matt, d’en faire plus qu’un coup d’un soir, mais elle savait aussi que les sentiments du jeune homme finiraient par faire surface. De l’autre côté elle ignorait jusqu’où elle pouvait aller avec lui, cet ancien camarade qu’elle pensait connaitre mais qui avait du changer avec le temps. Etait-il un membre de l’Ordre ? Avait-il espéré lui soutirer des informations sur la Confrérie ? Non, il devait ignorer son appartenant au mouvement. Personne ne savait.

Son esprit dérivant, elle avait arrêté de faire attention aux visages inconnus dans les rues bondées. Les magasins moldus avaient déjà revêtus leurs habits de Noël bien que l’on ne soit qu’en novembre et les clients se bousculaient devant un Starbucks. Même certains sorciers commençaient à se chercher des boissons dans ces établissements. Cependant, elle faisait partie de cette génération qui avait grandie au contact des moldus : elle connaissait presque tout de leur culture, et elle préférait bel et bien les vieux cafés pittoresques aux grandes enseignes. S’arrêtant devant le bâtiment typiquement anglais qui abritait son appartement, elle gravit les marches quatre à quatre, avant de rentrer enfin chez elle. Elle introduisit la clef dans la serrure, la tourna et entrouvrit la porte. La première chose qui la frappa était la lumière allumée à côté du canapé. Elle dégaina sa baguette et claqua le battant de bois derrière elle. Si quelqu’un s’était introduit chez elle, il était hors de question qu’il puisse s’en tirer ! Elle était entrainée, aucune raison qu’elle soit moins forte que son adversaire. La jeune femme avança silencieusement jusqu’à la cuisine. Personne. Le salon était lui aussi vide, laissé intact. Etait-il possible qu’elle ait oublié d’éteindre la lumière ? Elle commençait à se détendre lorsqu’une main se posa sur son épaule, la plaquant contre le mur, une autre se posant fermement contre ses lèvres, l’empêchant de crier si jamais l’envie lui venait soudainement. Matthew.

Pas la peine d’avoir peur, il ne te fera aucun mal. Cependant la lueur de colère qui brillait dans ses yeux indiquait le contraire. Elle déglutit difficilement et le défia du regard, sa baguette toujours contre sa cuisse, prête à servir. Ils s’observèrent un instant et elle cru bien déceler une étincelle victorieuse dans les yeux de l’ancien Serdaigle. Il finit par ôter sa main, cependant prêt à l’arrêter si elle se mettait à alerter son moldu de voisin. Il ne la laissa pas filer pour autant, la maintenant bien serrée contre le mur du salon.

DIANE - En général on n’entre pas chez les gens quand ils ne sont pas là, à moins que ça soit d’usage en France ?